Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ABOI

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 29).
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ABOI. s. m. On disoit autrefois abay. Le cri d’un chien. Latratus. Ce mot est factice & formé sur le son des chiens qui crient, ou aboient. L’aboi des chiens fait connoître le lieu où est le gibier.

Tenir les abois. Terme de chasse. C’est quand la bête s’arrête, tient devant les chiens par lassitude, & n’en peut plus.

On dit proverbialement, Tenir quelqu’un en aboi ; pour dire, Repaître de vaines espérances.

Aboi, se dit aussi de l’extrémité où est réduit le cerf sur ses fins ; car alors on dit, qu’il est aux abois, qu’il ne peut plus courir, qu’il manque de force & de courage. Ultima cervi deficientis necessitas. On ne s’en sert dans ce sens qu’au pluriel.

Aboi, se dit figurément de l’homme, & signifie l’Agonie, ou la dernière extrémité. Il est réduit aux abois ; c’est-à-dire, Il se meurt. Animam agere, expirare. On dit aussi qu’une place est aux abois, lorsqu’elle ne peut plus tenir, & qu’elle est sur le point de se rendre ; qu’une fidélité est aux abois, lorsqu’elle est presque vaincue, & qu’elle est prête à succomber. Extrema, summæ angustiæ. On y voit tous les jours l’innocence aux abois. Boil.

Corneille dans la tragédie de Sertorius, a dit sauver des abois. C’est une faute, abois, signifie les derniers soupirs. On ne sauve point d’un soupir, on sauve du péril, & on tire d’une extrémité ; on rappelle des portes de la mort, mais on ne sauve point des abois. Volt.

Ce mot abois est pris des cris des chiens qui aboient autour d’un cerf forcé, avant que de se jeter sur lui.

Dans la Tragédie de Nicomede M. Corneille dit encore approcher des abois. Cette expression, qui par elle-même n’est pas noble, dit M. de Voltaire, n’est plus d’usage aujourd’hui.