Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ABOLIR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
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ABOLIR. v. a. Mettre quelque chose hors d’usage, la détruire, l’anéantir, l’abroger. Abolere, abrogare, refigere. Le Magistrat a aboli cette méchante coutume. Le Roi a aboli une telle loi, il a entièrement aboli les duels. Le temps a aboli les plus beaux monumens de l’antiquité. On dit aussi abolir, ou effacer la mémoire ou le souvenir des choses passées. Oblitterare memoriam. Abolir, ou bannir la superstition. Superstitionem tollere. Abolir ou révoquer les impôts. Le temps qui consume tout, abolit tous les jours les noms & les titres qui sont gravés sur ces magnifiques monumens. Bouh. Ce mot vient du Latin abolere, ita extinguere & delere, ut ne oleat quidem. Ainsi abolir une loi, une coutume, c’est la révoquer, l’éteindre de façon qu’elle n’ait plus lieu à l’avenir. Il n’appartient qu’à ceux qui font les loix, de les abolir.

M. l’Abbé Girard prétend qu’abolir se dit plutôt à l’égard des coutumes, & abroger à l’égard des loix. Le non usage suffit pour l’abolition, mais il faut un acte positif, pour l’abrogation. On a aboli en France les joutes, les tournois & les autres divertissemens brillans. Les nouvelles pratiques font que les anciennes s’abolissent.

Abolir un crime, se dit lorsque le prince, par des lettres qu’il donne, remet d’autorité absolue, la peine d’un crime qui, par les ordonnances, n’est pas remissible. Voyez Abolition, terme de Chancellerie.

Abolir, se dit aussi avec le pronom personnel. Les Mandats Apostoliques se sont abolis par un non usage. Il ne faut pas souffrir que les bonnes coutumes s’abolissent.

On dit que tout crime s’abolit par vingt ans, pour dire, que le droit d’en poursuivre la punition cesse après vingt ans. Acad. Fr.

ABOLI, IE part. abolitus, abrogatus. Loi abolie, Crime aboli.