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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ABSTÈME

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 44).
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ABSTÈME. f. m. Terme dogmatique. Qui ne boit point de vin. Abstemius. Pline dit, Vini abstemius, L. xxii. Et Apulée a fait Invinius. On s’en sert en Théologie, pour parler de ceux qui dans la Communion ne pourroient prendre les espèces du vin, à cause de l’aversion naturelle qu’ils ont pour cette liqueur. M. de Meaux s’est servi de l’exemple des abstèmes, pour défendre le retranchement de la Coupe. Les Dames Romaines dans les premiers temps étoient abstèmes ; & afin qu’on pût s’appercevoir si elles buvoient du vin, les Loix de la Civilité Romaine étoient qu’elles donnassent le baiser à leurs parens, quand elles les abordoient. Plin.l. 22. c. 24. Aulu-Gele. l. 10. c. 22. On a vu un célèbre abstème dans les commencemens du Christianisme : ce fut Appollonius de Thyane. Eméric, fils de saint Etienne, roi de Hongrie, fut abstème ; mais peut-être plutôt par mortification que par aversion pour le vin. Nous avons vu dans le dernier siècle le fameux jurisconsulte Tiraqueau & le célèbre Voiture, qui ont été de véritables abstèmes.

Ce mot est formé de la préposition abs, & tementum, ancien mot, qui signifioit du vin. Cependant à l’endroit de Pline, que nous avons cité, & dans Horace, L. 1. Ep. 12. Abstemius semble être pris pour un homme qui s’abstient de quelque boisson, ou même de quelque mets que ce soit.