Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ABYMER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
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☞ ABYMER. v. a. Dans le sens propre, jeter, précipiter dans un abyme. Voyez ce mot. Mergere, demergere. Les ouragans abyment les vaisseaux. Les cinq villes que Dieu abyma. Les tremblemens de terres abyment des villes entières. Dans ce sens il présente l’idée de destruction, ruine.

Abymer, dans un sens figuré, signifie ruiner entièrement. Evertere, pessumdare. Les gros intérêts ont abymé ce Marchand. Ce chicaneur a abymé sa partie, il l’a ruinée de fond en comble. Cet homme est puissant & vindicatif, il vous abymera. Les dépenses excessives ont abymé cet homme.

On dit en matière de dispute & de raisonnement, qu’un homme a été abymé par son adversaire, qu’il a été réduit à ne rien répondre.

Abymer. v. n. Tomber dans un abyme. Hauriri, absorberi. Cette ville abymera un jour à cause des abominations qui s’y commettent. Lisbonne abyma dans un tremblement de terre.

Au figuré, il signifie la même chose que périr. Ce méchant abymera avec tout son bien.

Abymer, se dit au figuré avec le pronom personnel dans des acceptions différentes.

s’Abymer dans l’étude des Mathématiques, dans la contemplation des merveilles de Dieu, dans sa douleur, dans ses pensées, &c. c’est s’y livrer, s’y abandonner entièrement, sans aucune réserve, en sorte qu’on ne soit plus occupé d’aucune autre chose. C’est un voluptueux qui s’abyme dans les plaisirs.

s’Abymer, est quelquefois synonyme avec se ruiner. Bonis everti. Ce jeune homme s’est abymé par le luxe, par le jeu, par la débauche.

On dit, s’abymer devant Dieu; pour dire, s’humilier profondément, reconnoître son néant devant lui. deprimere se, minuere.