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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ACANTHE ou ACANTE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 57-58).
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ACANTHE, ou ACANTE. s. f. Acanthus. Les Botanistes modernes reconnoissent, avec Dioscoride & Pline, deux espèces d’Acanthe, dont l’une est sans épines, & l’autre en est armée. Celle qu’on nomme ordinairement Acanthe molle, a ses racines rougeâtres, longues, assez tendres & visqueuses. Ses feuilles sont grandes, larges, lisses, découpées assez profondément en plusieurs segmens, qui sont encore recoupés en de plus petits lobes, charnues, d’un vert obscur & luisant en dessus, & plus pâle en dessous. Entre ses feuilles s’élève une tige haute de trois à quatre pieds, de la grosseur du doigt, garnie vers la partie moyenne de quelques petites feuilles, au dessus desquelles se forme un bel épi de fleurs, mais très-piquant ; chaque fleur est d’une seule pièce aplatie & découpée par le haut en trois, retrécie & terminée par le bas en un tuyau court & en forme d’anneau. Quatre étamines chargées de leurs sommets tiennent lieu de la lèvre supérieure de la fleur. Le calice est formé par quelques feuilles, dont la supérieure est voûtée, & semble suppléer au défaut de la lèvre supérieure de la fleur, soit par sa situation, soit par une teinte de pourpre dont elle est colorée, & que les autres n’ont point. Le pistil qui s’élève du fond du calice & de la fleur, devient un fruit de figure d’un gland, & partagé en deux cellules, qui contiennent chacune quelques semences aplaties & jaunâtres.

L’Acanthe épineuse se distingue de la molle par ses feuilles plus finement découpées, & dont chaque segment se termine par un piquant assez roide & fort aigu ; le vert est aussi plus obscur. Ces deux espèces ne changent point par la culture, & l’une ne dégénère jamais en l’autre. On doit donc être très-assuré que ces deux espèces sont très-distinctes & très-constantes.

On appelle l’Acanthe, Branca ursina, branche ou branque ursine, à cause de la prétendue ressemblance de ses feuilles avec la patte d’un ours, & Branca hircina, à cause que ces mêmes feuilles se contournent en quelque façon comme les cornes d’un bouc ; mais ces dénominations sont assez mal fondées. Le rapport qu’ont les feuilles de certaines plantes à celles de l’Acanthe, a aussi donné lieu à quelques Botanistes d’attribuer le nom d’Acanthium à plusieurs chardons, ou plantes épineuses, & celui de Branca ursina Germanica à la Berce, en latin Sphondylium, Plantes souvent de différens genres. On dit que plus l’Acanthe est pressée, mieux elle pousse. C’est ce qui a donné lieu d’en faire une devise, qui a pour mot : Depressa resurgit, pour exprimer que la vertu tire des forces de l’affliction. L’Abbé Picinelli en fait aussi le symbole de la pénitence, avec ce mot : Tabida curat : Elle guérit la corruption.

Acanthe. Terme d’Architecture. Ornement dont on embellit les chapiteaux des colonnes. Acanthina folia. Un chapiteau taillé à feuilles d’Acanthe. Felibien. La feuille d’Acanthe, qui a été le sujet de l’invention du chapiteau Corinthien, a aussi donné le nom à cet ouvrage d’Architecture. Il y en a de deux espèces : la cultivée & l’épineuse ou sauvage. C’est de cette dernière, qui est la moins belle, que se sont servis les Sculpteurs Gothiques, qui l’ont mal imitée. Pour l’Acanthe cultivée, qui est plus refendue, & plus découpée, & assez semblable au persil, elle est la plus parfaite. C’est ainsi qu’elle a été taillée aux chapiteaux Composites des arcs de Titus & de Septime Sévère à Rome, & au Corinthien de la cour du Louvre.

Acanthe. s. f. Acantha. C’est, selon quelques Anatomistes, l’avance de derrière des vertèbres, appelée autrement Epine du dos. Spina dorsi. Harris. Ce nom est Grec, & signifie épine.

Acanthe. s. f. Terme de Mythologie. Nom d’une Nymphe, qui fut aimée d’Apollon. Acanthe. ce Dieu en récompense la changea en la plante nommée Acanthe.