Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ACCUEILLIR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 77).
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☞ ACCUEILLIR. v. a. qui se conjugue comme cueillir, signifie proprement recevoir ceux qui ont affaire à nous, ou qui nous rendent visite. Accipere, excipere. Il est déterminé à signifier une bonne ou une mauvaise réception par les termes qui l’accompagnent. Il l’accueillit avec des témoignages d’une grande tendresse, de la manière du monde la plus honnête. Il m’accueillit froidement.

Ce mot vient du latin adcolligo. Ménage. S’il n’est pas suranné, au moins est-il certain que nos bons Auteurs s’en servent peu aujourd’hui. J’aimerois mieux l’éviter, & au lieu de dire, il m’a bien accueilli, je dirois, il m’a fait un bon accueil, il m’a reçu favorablement.

Accueillir, synonyme avec secourir. Præsidium ferre. On ne doit pas méconnoître dans la prospérité, ceux qui nous ont accueillis, qui nous ont secourus dans notre misère.

Accueillir, se dit dans un sens figuré des accidens fâcheux qui nous arrivent ou qui nous surprennent. Occupare, adoriri. Nous n’étions pas loin du port, lorsque nous fûmes accueillis par la tempête, c’est-à-dire, surpris & battus par la tempête. Tous les malheurs l’ont accueilli.

L’Acad. Fr. ne fait aucune difficulté sur ce mot. Le P. Bouhours le condamne dans cette signification. Son usage paroît au moins douteux. Il vaut mieux chercher un autre tour.

Les nouveaux Vocabulistes nous présentent ce mot comme usité dans toutes ses acceptions. Ils auroient dû nous avertir que son usage est au moins douteux, & que dans la première signification, il vieillit.

Accueillir, se dit plus particulièrement pour recevoir dans un bateau, dans une chaloupe des gens en danger. Le Patron voyant notre vaisseau brisé, détacha une chaloupe pour nous accueillir.

ACCUEILLI, IE. part. Acceptus, exceptus.

Cette beauté de vertu accuillie
Se passera comme une fleur cueillie. Marot

C’est-à-dire, remplie, douée de vertu. Il ne se dit plus.