Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ACMON

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 89).
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ACMON. s. m. Etoit chef d’une Colonie de Scythes, qui s’établit en Phénicie & en Syrie : il mourut pour s’être trop échauffé à la chasse, & fut mis au rang des Dieux sous le nom de Très-Haut, Ὑψιστὸς. Ses enfans furent Uranus & Titée, dont les noms signifient le Ciel & la Terre, & donnerent lieu à la Fable des Phéniciens, qui font Acmon père du Ciel & de la Terre. Hesychius dit qu’il étoit père d’Ouranos ou du Ciel, & il ajoute aussitôt que c’est le Ciel même, ou Saturne. Eustathe donne ce nom tout à la fois au Ciel & à l’Océan, (in Il. 18, 410.) En quoi il est démenti, aussi-bien qu’Hesychius, par Simmias de Rhodes, qui dans son petit Poëme des Ailes, donne le surnom d’Acmonide, c’est-à-dire, de fils d’Acmon, à l’Amour, qu’il suppose aussi ancien que le monde. On peut voir par là que le nom d’Acmon est un de ceux dont les Anciens ont fait tout ce qu’ils ont voulu, & dont on ne doit faire l’application à rien. Il y en avoit, dit Strabon, (l. 10.) qui donnoient ce nom à l’un des Dactyles Idéens, & il en témoigne son mécontentement, parce qu’ils ne faisoient qu’ajouter des choses incertaines à d’autres qui l’étoient déjà assez. Ce mot ἄκμων signifie une enclume ; mais quand on en a fait un nom propre, on a voulu qu’il signifiât infatigable, de l’α privatif & de ϰάμνω, je suis abattu : Ἄκμων, quasi ἀκαμων, indefessus. Ce nom convient fort au Ciel, à cause de son mouvement, que la suite des siècles ne peut ni ralentir, ni accélérer.