Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ACOLYTE

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 90).
◄  ACOLYTAT
ACOMA  ►

ACOLYTE, mieux qu’ACOLYTHE. s. m. Terme Ecclésiastique. Acolytus. Les Grecs donnoient ce nom à ceux qui étoient inébranlables dans leurs résolutions. C’est par cette raison que les Stoïciens furent appelés Acolytes ; parce qu’ils persistoient dans l’opinion qu’ils avoient une fois embrassée, sans que rien ne pût les en détacher. Ils trouvoient même qu’il y avoit de la lâcheté à en changer. Depuis, l’Eglise chrétienne a consacré ce nom, en l’appliquant à ceux qui se dévouent au service de Dieu. Anciennement les jeunes gens qui aspiroient au ministère ecclésiastique, accompagnoient & suivoient les Evêques par-tout, soit pour les servir, soit pour être les témoins de leur conduite. Cette assiduité à suivre les Evêques les fit appeler Acolytes. Saint Cyprien dit lui-même, qu’il avoit des Acolytes. Aujourd’hui les fonctions des Acolytes sont bien différentes de la première institution. Un Acolyte est celui qui a seulement reçu le premier & le plus considérable des quatre Ordres Mineurs dans l’église ; dont l’emploi est d’allumer les cierges, de porter les chandeliers, la navette où est l’encens, de préparer le vin & l’eau pour le sacrifice, & de rendre d’autres services à l’autel. Autrefois les Acolytes ramassoient dans un sac ce que les fidèles avoient offert, & ce qui avoit été béni pendant la messe ; & après qu’elle étoit finie, ils le donnoient aux Prêtres qui devoient le diviser. Le devoir des Acolytes est d’accompagner l’Evêque, ou le Prêtre, & de leur rendre service dans les fonctions ecclésiastiques. Voyez encore lecteur, exorciste & portier. Il y avoit à Rome trois sortes d’Acolytes. Les Acolytes du Palais, Palatini, qui servoient le Pape ; les Acolytes Stationaires, Stationarii, qui servoient dans les Eglises, où il y avoit Station ; les Acolytes Régionaires, Regionarii, qui servoient avec les Diacres dans les différens quartiers de la ville. On trouve aussi des Acolytes parmi les Officiers Auliques de Constantinople ; & Curopalates dit que le Capitaine, ou Chef de la cohorte impériale de Byzance, étoit nommé Acolyte.

Dans l’Eucologe des Grecs on trouve les leçons qu’on lit lorsqu’on ordonne des Lecteurs ; mais il n’y est point parlé des autres petits Ordres ou mineurs, qui sont, l’Ordre de Portier, d’Exorciste, & d’Acolyte ; ce qui pourroit faire croire que les Grecs ne confèrent point ces Ordres-là aujourd’hui. Le Père Goar dans ses notes sur l’Eucologe, répond qu’on ne peut pas douter que ces trois moindres Ordres n’aient été connus de l’ancienne Eglise Grecque, & qu’elle n’ait eu des Ministres qui les avoient, puisqu’il en est fait mention dans Saint Denys, Saint Ignace Martyr, Saint Epiphane, dans les Conciles de Laodicée & d’Antioche, dans les Novelles de Justinien, dans Photius, &c. Il ajoute, qu’il semble que les Grecs d’aujourd’hui ont des Acolytes sous le nom de Députés & de Céroféraires. Les Missionnaires Latins, qui sont en Grèce, disent que les Grecs ont aujourd’hui des Acolytes, & les autres Ordres mineurs ; & on doit plus les en croire que le Pere Martène, qui assure que l’Ordre des Acolytes a été tout-à-fait inconnu à l’Eglise d’Orient. Voyez le Pere Goar sur l’Eucologe, le Pere Martène, le Pontifical, l’Ordre Romain, &c.

Ce mot vient du Grec ἀκολυθεῖν qui signifie, Suivre, & Acolyte, un suivant. C’est ainsi que l’expliquent le Glossaire grec & latin, & Macer ; mais Dominique son frere le tire de l’α privatif, & de κωλύω, empêcher.