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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ACQUÉRIR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 92-93).
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ACQUÉRIR. v. a. Se procurer un titre qui donne droit de jouir d’une chose, ou en propriété ou en usufruit. Acquirere, consequi, comparare. On conjugue, j’acquiers, tu acquiers, il acquiert, nous acquérons, vous acquérez, ils acquièrent ; j’acquérois ; j’acquis, j’ai acquis, au futur, j’acquerrai, tu acquerras, il acquerra : au subjonctif, qu’il acquière, j’acquerrois, que j’acquisse. Corn. Le moyen d’acquérir le plus commun, de le plus naturel, c’est la cession, & le transport de la chose, par la personne à qui elle appartient. Il y a dans le Droit plusieurs titres qui expliquent les divers moyens légitimes d’acquérir. Les uns sont de Droit naturel, qu’on appelle Droit des gens, tels que sont l’occupation, la cession, la perception des fruits, & la tradition. Les autres sont de Droit civil, comme la donation, la prescription, le legs, les fidei-commis, les successions testamentaires & légitimes, Voyez les Inst. de Justinien, & Théophile.

On met aussi la guerre au nombre des moyens légitimes d’acquérir selon le droit des gens.

Acquérir, se dit aussi en choses morales, & de tout ce qui se peut mettre au nombre des biens, des avantages. Il vaut mieux acquérir le ciel que des richesses. La gloire ou la science ne s’acquiert qu’avec bien des peines. On s’acquiert difficilement des amis, & on les perd facilement. Une habitude ne s’acquiert que par une longue expérience. Nous n’acquérons jamais la sagesse ; nous n’acquérons que l’art de la feindre. Vill. La vertu qui n’est point soutenue par la gravité, n’acquiert point d’autorité parmi les hommes. S. Evr. La gloire des grands hommes se doit mesurer aux moyens dont ils se sont servis pour l’acquérir. Rochef. On le dit quelquefois absolument. Cet homme amasse de grands biens, il acquiert tous les jours. On dit aussi, Acquérir une fluxion. Le P. Bouh. soutient pourtant, & avec raison que ce terme ne doit point être employé dans un sens désavantageux.

☞ On dit proverbialement : qui bien acquiert, longuement possede ; pour dire qu’il faut acquérir légitimement. Un troisième héritier ne jouit point des biens mal acquis. On dit aussi par compliment, je vous suis tout acquis ; c’est-à-dire, je vous rendrai service en toutes occasions.

ACQUIS, ISE. part. Partus, comparatus. Ce sage Ministre avoit une prudence acquise par l’expérience, par la méditation. Balz.

Au Palais on dit, preuve acquise.

Acquis, est aussi substantif. Voyez plus bas.