Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ADULATEUR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 126).
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ADULATEUR, TRICE. s. m. & f. Celui ou celle qui fait métier de flatter, qui par bassesse ou par intérêt donne des louanges excessives à celui qui ne les mérite pas. Adulator, assentator. C’est un lâche adulateur, un perpétuel adulateur. Combien la fortune a-t-elle d’adulateurs ? P. Gail.

On peut se servir de ce mot sur-tout dans la poësie à l’exemple de Boileau, qui a dit,

Du tyran soupçonneux, pâles adulateurs :


& de Rousseau, dont voici un passage :

Ses dons versés avec justice,
Du pâle calomniateur,
Ni du servile adulateur
Ne nourriront point l’avarice. Rouss.

On peut se servir encore de ce mot dans le style oratoire. Adulateur a quelque chose de plus beau & de plus grand que flatteur. Il faut cependant en user sobrement, & ne le point prodiguer. Dans le discours ordinaire on ne s’en sert point ; on dit, flatteur. Pour représenter le mal que fait un adulateur, on a peint un singe, qui étouffe ses petits à force de les embrasser, & de les flatter ; avec ce mot pour ame de la devise, Complectendo necat. Ou une abeille avec ce mot Italien, Se porta suo il mel, la punge ancora. On a donné à l’adulateur même pour devise une petite barbe, avec ce mot Italien, ad ogni vento, pour signifier qu’il change avec la fortune : ou bien une alouette, sub pluvio silet. Elle ne dit mot quand le temps est mauvais. C’est une grande adulatrice.