Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AFFINAGE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 140-141).
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AFFINAGE. s m. Action par laquelle on épure, on dégage de ses parties hétérogènes une matière quelconque, solide sur-tout, pour la rendre plus propre aux usages qu’on s’en promet. Purgatio. Il y a beaucoup de déchet dans l’affinage du sucre pour le rendre blanc. L’affinage des métaux se fait par le feu, le mercure, le plomb, l’eau forte, &c. Il y a pour l’argent l’affinage au plomb ; c’est lorsqu’on l’affine dans une grande coupelle que l’on met dans un fourneau couvert d’un chapiteau de carreaux de briques, pour déterminer la flamme à reverbérer sur les matières, ce qu’on appelle feu de réverbère. On chauffe ce fourneau par un grand feu de bois, & on met du plomb dans la coupelle, à proportion de la quantité & de la qualité des matières à affiner. Quand le plomb a bouilli quelque temps, on jette les matières dans la coupelle, ce qu’on appelle charger la coupelle ; & quand elles ont bouilli, on se sert d’un gros soufflet pour souffler la surface des matières, afin de les faire tourner & circuler, & qu’en circulant elles chassent l’impureté des métaux, qui vient en écume aux bords de la coupelle. Cette écume coule par un conduit que l’on fait au bord de la coupelle, en l’échancrant en un endroit. On continue le vent du soufflet jusqu’à ce que l’argent ait paru de couleur d’opale, qui fait connoître que toute l’impureté a été chassée, & que l’argent est pur, c’est-à-dire, à 11 deniers 19 à 20 grains. Affinage au salpêtre, c’est quand on se sert d’un fourneau à vent ; on y met un creuset ; on le charge d’environ 40 marcs de matière d’argent, puis on le recouvre, & on charge le fourneau de charbon. Quand la matière est en bain, on jette deux ou trois onces de plomb dans le creuset ; on brasse bien la matière en bain ; puis on retire le creuset du feu ; on verse ensuite cette matière par inclination dans un bacquet plein d’eau commune, pour la réduire en petits grains, qu’on appelle Grenaille, &c. Après lui avoir donné trois feux, on laisse refroidir le creuset sans y toucher, on le retire, ensuite on le casse, & on y trouve un culot dont le fond est d’argent fin, & le dessus de crasses de salpêtre, avec l’alliage de l’argent, &c. Voyez le Traité des Monnoies de Boizard, C. 20.

Pain ou plaque d’affinage. C’est lorsque dans l’affinage au plomb on ne retire point avec la canne l’argent en coquillons ; mais qu’on le laisse se fixer dans la coupelle en forme de pain plat, qu’on appelle pain ou plaque d’affinage. Boizard. Les affinages de matières d’or se font avec l’antimoine, ou avec le sublimé, ou avec l’eau forte. Cette dernière manière d’affiner est appellée Départ d’or. Il y a encore en termes de Monnoie, l’affinage de casses ou de coupelles, & des glettes ou litharges, qu’on est obligé d’affiner ; parce qu’il reste toujours quelque partie d’argent dans les casses qui ont servi aux affinages, & qu’il en reste aussi parmi les glettes ou impuretés qui ont coulé des casses, & qu’on ne peut retirer ces parties d’argent qu’en affinant les casses & les glettes. Idem. Cet Auteur décrit tous ces différens affinages dans son Tr. des Monn. C.20 & 21.

Affinage. C’est aussi un terme de Manufacture de lainage, qui se dit de la meilleure & dernière tonture que le tondeur de drap leur peut donner. On appelle Affineurs, ceux qui donnent cette façon.

Affinage. Terme de Filassier. Voyez Affiner.

Affinage, se dit aussi de l’adresse que l’on a eue de rendre certaines choses plus fines & plus déliées. L’affinage du ciment, que l’on appelle Royal, est variable & incertain.