Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AFFLIGER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 143).
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AFFLIGER. v. a. Jeter quelqu’un dans un état de tristesse & d’accablement. Dolorem afferre, Contristare. Dieu afflige les bons par la prospérité des méchans. Cet homme est affligé de la goutte. Je ne vous en dis pas d’avantage de peur de vous affliger. Cette nouvelle m’afflige.

Affliger, se dit comme synonyme d’ennuyer.

 Qu’un sot afflige mon oreille,
Passe encor, ce n’est pas merveille ;
Le don d’ennuyer est son lot. R.

Affliger, signifie aussi, maltraiter son corps, le mortifier, le faire souffrir. Affligere, afflictare, cruciare, macerare. Affliger son corps par des austérités. Port. R.. Les Saints ont toujours eu le soin d’affliger leurs corps par le jeûne & par les disciplines. Id.

Affliger, signifie encore, ruiner, désoler, dévaster. Evertere, vastare, depopulari. La guerre affligera l’Etat. Main. La peste, la famine afflige les Provinces.

Affliger, est aussi un verbe réciproque, & signifie sentir du déplaisir, de la peine de quelque chose. Dolere, mœrere. La civilité exige qu’on aille se réjouir, ou s’affliger avec les gens, de mille choses qui ne donnent ni joie, ni douleur. M. Scud. Si la sagesse de Dieu avoit imposé aux hommes la nécessité de vivre toujours, ils s’affligeroient peut-être de leur immortalité. Abad. Pourquoi, à la lecture de mes satyres, aimez-vous mieux vous affliger avec les ridicules, que de vous réjouir avec les honnêtes gens ? Boil.

AFFLIGÉ, ÉE. part. Souvent employé substantivement. Afflictus, Dolens, mœrens Presque tous ceux qui vont s’affliger avec les affligés, ne sentent rien de ce qu’ils disent sentir. M. Scud. C’est assez d’être du nombre des affligés, pour être de vos amis. Voit. Le temple de la Justice est le refuge inviolable des affligés Patr.