Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AFFOIBLIR
☞ AFFOIBLIR. v. a. Rendre foible, diminuer les forces. Debilitare, frangere, infringere. La trop grande chaleur affoiblit le corps. Le vin pris avec excès affoiblit les nerfs. Un travail continu affoiblit la vue.
☞ Affoiblir, dans les arts, c’est rendre plus foible, en ôtant de l’épaisseur ou de la grosseur. Debilitare, vim imminuere. A force de raboter une planche, on l’affoiblit. Les bois affoiblis exprès sont toisés de la grosseur de leur bossage, & comme s’il n’y avoit aucun cintre ni vide.
☞ On le dit également au figuré. Affoiblir le crédit & l’autorité de quelqu’un. La vieillesse affoiblit la mémoire. L’affectation, en matière de langage affoiblit la pensée.
☞ Affoiblir les monnaies, c’est en diminuer le poids ou le titre. Pondus vimque imminuere. On affoiblit l’or, en le mettant dans l’eau-forte, en y mêlant de l’argent, du cuivre, de l’émeri. Lorsque le besoin de l’Etat le demandoit, le Roi pouvoit non-seulement lever de grosses sommes sur la fabrication des monnoies, mais même les affloiblir, c’est-à dire, en diminuer la bonté. C’est ce que nous apprend un plaidoyer fait en l’an 1304, par le Procureur-Général de Philippe le Bel, contre le Comte de Nevers qui avoit affaibli sa monnoie. Item abaissier & amenuiser la monnoie est privilége espécial au Roi de son droit royal, si que à lui appartient, & non à autre, & encor en un seul cas, c’est à savoir en nécessité, & lors ne vient pas le gãag ne conversit en son profit espécial, mais au profit & en la défense dau commun. le Blanc.
Affoiblir, est aussi neut. & signifie, devenir plus foible, plus débile, perdre de ses forces & de sa vigueur. Consenescere, debilitari, deficere. L’esprit affoiblit de plus en plus. Le parti affoiblit. Ablanc.
Affoiblir, est aussi réciproque, & signifie tout de même, devenir moins vigoureux, moins fort, s’abattre, se débiliter. Son corps & son esprit s’affoiblissent beaucoup. Son autorité s’affoiblit tous les jours.
AFFOIBLI, IE. part.