Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AFFUBLER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 147).
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AFFUBLER. v. a. Cacher, envelopper sa tête, son visage, ou son corps de quelque habillement, de quelque voile. Amicire, obtegere, involvere. Les Moines & les Hermites s’affublent d’un froc. Dans les cérémonies des obsèques des Princes, les parens sont affublés de grands chaperons de deuil. Cette femme étoit affublée dans sa cappe pour n’être pas connue. Il y a de bons auteurs qui prétendent que le mot d’affubler n’est plus en usage que pour signifier se couvrir, se vêtir, sans avoir égard à la tête. Au moins est-il certain qu’être affublé se trouve pour être couvert, être vêtu.

Le moindre de leurs valets
Est affublé d’écarlate. Main.

O qu’il est indignement
Affublé d’une soutane ! Id ;

Nicod dérive ce mot de insula, qui signifie une ancienne coiffure. On dit encore en Picardie, défuler ; pour dire, se décoiffer, ôter son chapeau. Du Cange le dérive de Affibulare, mot de la basse latinité qui vient de fibula:c’étoit une boucle, ou agraffe servant à attacher les habits longs qui couvroient & enveloppoient tout le corps ; comme on a dit clavi, & laticlavi, des vêtemens honorables ainsi attachés.

☞ On s’en sert plus ordinairement avec le pronom personnel. S’affubler d’un manteau.

On dit au figuré, s’affubler de quelqu’un ; pour dire, en être coiffé & entêté. Efferri studio alicujus viri aut rei. Les disciples de Platon étoient affublés des opinions de leur maître. Les gens foibles se laissent affubler par des directeurs & par des flatteurs. Ce mot, en quelque sens qu’on le prenne, ne se peut dire qu’en raillant, ou dans le style familier.

AFFUBLÉ, ÉE. part. Qui est couvert, qui est enveloppé de quelque voile, de quelque habillement. Opertus, amictus, involutus.