Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AGAPÉTES

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 151).

AGAPÉTES. s. f. pl. Bien-aimées. Agapetæ. On donnoit ce nom dans l’ancienne Eglise, à des Vierges qui vivoient en communauté, ou qui s’associoient avec des ecclésiastiques, par un motif de piété & de charité. A cause de cela ils les appeloient Sœurs adoptives. Dès le Ier siècle il y avoit des femmes qui étoient instituées Diaconesses ; & comme elles se consacroient au service de l’église, elles choisissoient leur demeure chez les ecclésiastiques, à qui elles rendoient tous les offices de charité conformes à la sainteté de leur ministère. Dans la ferveur des premiers commencemens du Christianisme, il n’y avoit rien de scandaleux dans ces pieuses sociétés. Mais dans la suite elles dégénérèrent en libertinage ; ensorte que S. Jérôme demande avec indignation, Unde Agapetarum pestis in Ecclesias introiit ? Les Conciles, soit pour ôter aux Païens un sujet plausible de calomnie, soit pour éloigner les occasions du mal, contraignirent les Prêtres à se séparer de ces femmes, & défendirent avec beaucoup de sévérité ces Agapétes. S. Athanase raconte d’un Prêtre, nommé Léontius, qu’il offrit de se mutiler, & de retrancher toutes les raisons de soupçon, afin de conserver sa compagne.