Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AIGRIR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 180).
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AIGRIR. v. a. Donner, causer de l’aigreur. Ce goût piquant accompagné d’astringence que l’on trouve dans les fruits qui ne sont pas encore mûrs. Acidum reddere. La grande chaleur aigrit le lait. Le levain aigrit la pâte.

Aigrir, se dit figurément, & signifie, piquer, irriter, mettre dans une disposition plus fâcheuse. Asperare, exacerbare, exasperare. Cette conférence a aigri les esprits, au lieu de les adoucir. Cette proposition l’a aigri d’avantage. Combien de fois ont-ils aigri Dieu dans le désert ? Arn. Aigrir le vainqueur. Iram victoris asperare.

Aigrir, est aussi verbe réciproque, & signifie, devenir aigre. Acescere, coacescere. Le vin s’aigrit quand il est long-temps à l’air. Et dans le figuré, il signifie, s’irriter, se mettre en colère. Asperari, exacerbari. Les esprits s’aigrissent. Sans sujet voulez-vous vous aigrir contre moi ? Mol.

Aigrir, signifie aussi figurément, rendre chagrin, fâcheux ; augmenter un mal. Irritare, augere. La mauvaise fortune lui a aigri l’esprit. Les remèdes aigrissent le mal, au lieu de le soulager. Costar. Pourquoi venir encore aigrir mon désespoir ? Racin. En ce sens il est aussi réciproque. Les affaires s’aigrissent, s’éloignent de l’accommodement. Le mal s’aigrit, s’augmente de plus en plus.