Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ALMANACH

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 246-247).

ALMANACH. s. m. Calendrier ou table où sont écrits les jours, & les fêtes de l’année, le cours de la lune, les éclipses, les signes du zodiaque dans lesquels le soleil entre, & des pronostics sur la diverse disposition de l’air. Ephemeris, Lunarium motuum Ephemeris, Calendarium. Cardan a fait un Traité de supplemento Almanach.

Ce mot est arabe, compose de l’article al & de mana, qui signifie compter. Nicod. C’est aussi l’opinion de Saumaise dans ses prolégomènes sur Solin. Covarruvias dit, que selon quelques-uns, ce mot vient de manach, qui signifie, selon eux, Calendrier. Il ajoute que Diégo Durréa assure que la terminaison arabe de ce mot est manaquebu, du verbe necaba, qui signifie, prédire l’avenir. Cependant il soutient que ces deux sentimens ne reviennent qu’à une même chose. Car l’hébreu manach signifie nombrer, supputer. Or tout le monde sait que les Almanachs ne consistent qu’en supputations Astronomiques. Scaliger dit qu’il a été fait de l’article al, & de Μὴν, mot grec, qui signifie mois. Scaliger, sur le Culex de Virgile, prétend que les Arabes l’ont pris du grec μονακὸς, qui signifie cours des mois, en préposant leur article al, comme alambic, almageste, alchimie. D’autres croient que ce mot vient des Egyptiens, long-temps avant les Arabes. Du Cange. Ménage dit que les Arabes l’ont fait du Persan salmaha, qui signifie, la période de la lune. M. Chastelain, dans ses Notes sur le Martyrologe, au I. Janvier, dit qu’il vient du mot hébraïque manha, (il falloit dire minhha) avec l’article al des Arabes. Manha, ajoute-t-il, signifie, présent, ou don. Et le savant Golius, en ses Notes sur les Elémens Astronomiques d’Alfragan, dit, que presque dans tout l’Orient, les sujets font des présens aux Rois au commencement de l’année, & entre autres les Astrologues, qui leur donnent les éphémérides de l’année qui commence ; d’où, dit-il, ces éphémérides ont été nommées Almanha, c’est-à-dire, Etrennes. Cornélius Kiliam croit que le mot Almanach est un mot Allemand, & que Almanach est comme si l’on disoit almaen acht, Omnium lunarum totius anni consideratio, Considération de toutes les lunes de l’année.

L’Almanach du Palais est celui où sont marqués les jours où le Parlement ne s’assemble pas. Fori ephemeris, Calendarium. Almanach historial, est un journal où on marque quelques histoires mémorables au jour où elles sont autrefois arrivées. Fasti. On appelle ordinairement Almanach de l’Observatoire, le petit livre intitulé, Connoissance des temps, qui paroît tous les ans, & qui contient plusieurs supputations Astronomiques : on l’attribuoit à Messieurs de l’Observatoire, ou de l’Académie des Sciences, quoique M. le Févre ou M. Lieutaud, ou quelque autre particulier en fût seul l’Auteur, & que les autres n’y eussent d’autre part que d’y avoir fourni quelques mémoires, sans garantir tout le reste. En 1703, on a donné une nouvelle forme à cet ouvrage ; Messieurs de l’Académie des Sciences y ont eu plus de part qu’auparavant ; c’est par leur ordre & sous leur direction, que M. Lieutaud a fait les calculs Astronomiques, & y a ajouté plusieurs mémoires & remarques très-curieuses, que l’Académie lui a fournis. Par une Ordonnance de Charles IX, aux États d’Orléans en 1560, art. 26, il est défendu à tous Imprimeurs & Libraires, d’imprimer, ou exposer en vente aucuns Almanachs & pronostications, qu’auparavant ils n’aient été visités par l’Archevêque ou Evêque, ou ceux qu’il commettra ; & il est ordonné qu’il soit procédé par les Juges extraordinairement, & par punition corporelle, contre celui qui aura fait & exposé lesdits Almanachs. Henri III confirma cette Ordonnance aux États de Blois en 1579, art. 36. Il veut qu’ils soient approuvés par des certificats signés de la main des Archevêques ou Evêques, & qu’il y ait aussi permission du Roi ou des Juges ordinaires. Louis XIII confirma ces ordonnances le 20 Janvier 1628, & fait défenses à toutes personnes de faire ni composer aucuns Almanachs & prédictions hors les termes de l’Astrologie licite ; même d’y comprendre les prédictions concernant les états & personnes, les affaires publiques & particulières, soit en termes exprès, ou couverts & généraux ; ni autres quelconques, & d’y employer & mettre autre chose que les lunaisons, éclipses & diverses dispositions & tempéramens de l’air, & dérèglemens d’icelui. De la Marre.

On dit proverbialement, je ne prendrai pas de vos Almanachs ; pour dire, je ne prendrai pas votre conseil sur l’avenir ; vos prédictions ne sont pas sûres. J’ai beau dire la vérité, on ne prend plus de mes Almanachs. Ablanc. On appelle un faiseur d’Almanachs, celui qui s’amuse à faire des prédictions en l’air ; qui se mele de prédire des choses qui peuvent n’arriver jamais. Faire des Almanachs, c’est faire de pareils pronostics. On dit aussi d’une personne qui se ressent de quelque infirmité à tous les changemens de temps, que son corps est un Almanach.