Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ALSACE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 256).
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ALSACE. s. f. Alsatia. En Allemand Elsatze. Goldast l’appelle en latin Elisaza d’autres Alesatia. L’s se prononce comme un z. Nom d’une province d’Allemagne, située le long du Rhin, qui la traverse. Elle a à l’orient la Suabe & le duché de Wirtemberg, au septentrion le Palatinat du Rhin, au couchant la Lorraine, au midi une partie de la Bourgogne, & une partie de la Suisse.

Quelques Auteurs prétendent que ce nom vient par corruption & abréviation de Edelsatz, qui signifie assiette belle & noble. D’autres le dérivent du nom du fleuve Illa, comme si l’on avoit dit d’abord Ilsatz, & ensuite changeant l’i en e, Elsatz, qui signifieroit, assiette aux environs ou sur les bords du fleuve Illa. C’est le sentiment de Limnæus, liv. VII ch. 3. Car ce fleuve, dit-il, s’est appelé d’abord Helled, & puis Ell, d’où l’on a fait Elsas.

Les Rois de France ont possédé l’Alsace jusqu’à Othon I, dans le Xe siècle. On dit que Childéric érigea l’Alsace en Duché. Othon III l’érigea en Landgraviat. La Maison d’Autriche se l’étoit appropriée. La France l’a conquise, & elle lui a été cédée par les traités de Munster en 1648, & celui des Pyrénées en 1659. La capitale d’Alsace est Strasbourg, que le Roi prit en 1681. L’Alsace est un Landgraviat. On dispute si l’Evêque de Strasbourg a été Seigneur de l’Alsace, & si le Landgraviat a été un fief dépendant de l’Evêque. Imhoff soutient la négative, dans sa Notice des Dignités de l’Empire, liv. III. c. 7. a. 3. Voyez encore sur l’Alsace M. Obrecth, Prodromus hist. Alsaciæ. Limnæus Jus publ. Imper. liv. VII. c. 3. n. 1 liv. VI c. 3. n. 70. Imhoff dans l’Ouvrage que j’ai cité, liv. 1. ch. 5. n. & liv. V. ch. 11.