Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ALYPUM

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 262).
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ALYPUM. s. m. La plante que nous connoissons aujourd’hui sous le nom d’Alypum, est fort différente de celle que Dioscoride a décrite sous le même nom, comme tous ceux qui ont écrit après lui en demeurent d’accord. Jean Bauhin lui a cependant conservé ce nom. Gaspard Bauhin, dans le Pinax, la nomme Thymelæa foliis acutis capitulo succisa, seu Alypum Monpelsensium. Clausius la décrit sous le nom d’Hypoglossum Valentinum, & M. Tournefort la place dans la VIe Section de les Institutions, au genre de Globularia, sous le nom de Globularia fruticosa, myrti folio tridendato : mais elle est d’un caractère tout-à-fait différent de celui de Thymelæa & de Globularia, comme on le pourra voir par la description suivante. Voyez Globulaire.

L’Alypum est un arbuste qui s’élève à la hauteur d’environ une coudée. Sa racine, qui est revêtue d’une écorce noirâtre, est longue d’environ quatre ou cinq pouces, & de près d’un pouce de diamètre à son collet. Elle pousse trois ou quatre grosses fibres. Ses branches qui sont couvertes d’une petite pellicule d’un rouge brun, sont déliées & cassantes. Ses feuilles qui sont rangées sans ordre, tantôt par petits bouquets, tantôt seules, ou accompagnées d’une autre petite dans leurs aisselles, sont de différentes figures ; les unes ressemblent assez aux feuilles de myrte ; les autres s’élargissent vers la sommité, & forment trois pointes en trident ; les autres n’en forment qu’une seule ; les plus grandes ont environ un pouce de longueur, sur trois ou quatre pouces de largeur ; elles sont épaisses & d’un vert fort éclatant. Chaque branche ne soutient ordinairement qu’une fleur ; il s’y en trouve quelquefois deux, mais rarement. Ses fleurs sont d’un très-beau violet, & ont environ un pouce de diamètre. Elles sont composées de deux fleurons, du fond desquels s’élèvent quatre petites étamines blanches, chargées d’un petit sommet noirâtre. Elles se terminent en trois pointes, & n’ont qu’environ trois lignes de long, sur une ligne de large. Chaque demi-fleuron porte sur un embryon, qui lorsque la fleur est passée, devient une semence garnie d’une espèce d’aigrette. Toute la fleur est soutenue par un calice composé de feuilles disposées en écailles, chacune desquelles n’a que deux ou trois lignes de long, sur une ligne de large.

Cette plante purge violemment. Des Empyriques & des Charlatans l’emploient contre les maladies vénériennes, & d’autres dans les purgations, à la place du séné ; mais il seroit à souhaiter que leur avarice ne les exposât pas aux fâcheuses suites que la violence de ce remède produit ordinairement, & que le nom de Frutex terribilis leur devroit faire appréhender.

Alypum, est un nom grec composé de l’α privatif, & de λύπη, douleur, comme si l’alypum ne causoit point de douleur. Est-ce par antiphrase qu’on lui a donné ce nom ?