Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AMBON

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 275-276).
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AMBON. s. m. Ambo, Analogium. C’est une tribune, qui étoit autrefois dans les églises, & sur laquelle on montoit pour lire ou chanter certaines parties de l’office divin, & pour prêcher au peuple. Il y avoit des degrés pour y monter. Après la lecture de l’épître, le chantre montoit sur l’ambon avec son livre, nommé Graduel ou Antiphonier, & chantoit le répons que nous nommons Graduel, à cause des degrés de l’ambon ; & Répons, à cause que le chœur répond au chantre. Fleury. Le diacre montoit seul sur l’ambon, & lisoit, tourné vers le midi. Id. Il est dit dans le premier livre des miracles de S. Othmar, c. 4, que l’Évêque ordonna à l’Archiprêtre de monter sur l’ambon, & de faire le sermon au peuple à sa place. Et Odilon, moine du Xe siècle, auteur du livre de la Translation des Reliques de S. Sébastien & de S. Grégoire, dit que l’Évêque monta sur l’ambon pour prêcher au peuple. Voyez Annales Francor. ad an. 800, l’Histoire Tripartite, Liv. X, Ch. 4. Socrate, L. VI, Ch. 5. Prudence, hymn. 4, de S. Hippol. v. 225. Les Arabes appellent l’ambon, Mambar, ajoutant une m au commencement, selon leur coutume. De-là vient qu’au Ch. XXIII de S. Matthieu, v. 2, ou la Vulgate a traduit Super cathedram Moysis, sur la chaire de Moyse ; l’arabe dit, sur le mambar de Moyse. Les Latins l’ont appelé quelquefois Analogium, parce que c’est-là qu’on lit. Car les Grecs récens entendent autre chose par analogium ; c’est chez eux le pupitre, ou coussin, sur lequel on appuie le livre. On montoit à l’ambon de deux côtés ; c’est pour cela que quelques Auteurs, comme Balde & Durand, ont cru que ce nom étoit tiré de ambo, qui signifie deux. L’Evangile se lisoit tout haut de l’ambon ; l’Epître se lisoit un degré plus bas, comme il paroît par l’Ordre Romain. Les Empereurs étoient aussi couronnés sur l’ambon. Voyez Théophanes, p. 405, 418, 419, 426, 431. Saumaise croit que ce nom a été donné à cette tribune, parce qu’elle étoit ronde, de même que les Grecs ont appelé ἄμβωνα, le ventre d’une bouteille, parce qu’il est rond, & qu’ils disent ἄμβιξ, pour signifier une marmite. Il vient d’ἀναβαίνω, ascendo, je monte, d’où en retranchant un a se fait ἀνβαίνω & parce que n, qui est une lettre palatiale, ne peut soutenir une lettre labiale, telle qu’est b, selon les judicieuses remarques de M. l’Abbé Dangeau, qui se vérifient dans toutes les langues, cette n s’est changée en m, & l’on dit ἄμβαίνω, je monte, d’où s’est formé ἄμβων, ambo.