Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AMER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 289).
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AMER, ÈRE. adj. L’r se prononce. Qui a une saveur très-rude & désagréable à la langue, tel que le fiel des animaux, l’aloès, l’absinthe. Amarus, acerbus.

☞ C’est la seconde des sept faveurs primitives. Un corps amer est composé de molécules irrégulières, couvertes d’inégalités & mal cuites. On dit avoir la bouche amère ; pour dire, sentir un goût amer à la bouche. Le mot amer vient du latin amarus, qui est dérivé de l’hébreu מרר, marar, être amer, & מרה, mara, amer, amertume.

Amer, se dit figurément en Morale, pour marquer la qualité des choses, & désigne une impression vive, forte, désagréable. Une douleur amère, c’est-à-dire, vive & profonde. Des larmes amères, qu’une telle douleur fait couler. Plaintes amères, reproches amers, raillerie amère. Plaintes aigres, reproches durs, raillerie piquante.

☞ On le dit dans le même sens pour douloureux. Il est bien amer à un pere de voir ses enfans révoltés contre lui.

Amer. s. m. L’amer & le doux sont des qualités contraires.

On dit, prendre les amers ; pour dire, prendre des bouillons faits d’herbes amères. Acad. Fr. ☞ Les amers augmentent le ressort des fibres relâchées des organes de la digestion, corrigent le sang & les humeurs.

Amer, signifie aussi le fiel des animaux. Fel. L’amer de bœuf est propre à ôter les taches des habits. On ne sauroit manger de cette carpe, on en a crevé l’amer.