Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AMIDON

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 294).
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AMIDON. s. m. C’est une pâte qui se fait avec des recoupes de froment, ou pour le mieux avec le plus beau grain, qu’on mouille & remouille cinq fois par jour, & autant la nuit, pour le laisser bien fermenter ; puis on le brasse dans beaucoup d’eau, comme on fait l’orge quand on fait la bière. Amylum. On ôte le son qui nage sur l’eau avec un crible, ou un écumoir. La farine mêlée avec l’eau tombe au fond comme du caillé ; on verse l’eau par inclinaison, & ce qui reste au fond est l’amidon, qu’on met sur des tables sécher au soleil. L’empois se fait avec de l’amidon. Pline dit que ce sont les habitans de l’île de Chio qui ont inventé l’amidon, & que le meilleur vient de-là. Dioscoride dérive ce mot du grec ἄμυλον, comme qui diroit farine faite sans meule, Voyez le Diction. Œcon.

Amidon de racine. Outre l’amidon qui se fait avec les recoupes du froment, l’on a découvert dans le commencement du XVIIIe siècle, la racine d’une plante dont on en peut faire de très-bon, & qui est propre aux mêmes usages que l’ancien amidon. La plante a presque autant de noms qu’il y a de différens endroits en France où elle se trouve. Les plus communs sont, l’Arum, l’Epilette, le Cheux à la serpente, l’herbe à Prêtre, le Pied de Veau, le Tarus, le Sara, l’Aron, Barba-Aron, &c. Les lieux où elle abonde le plus, sont les bois, les haies, les lieux marécageux & sombres, & presque toutes les terres incultes.

Amidon, dans l’exemple suivant, étant joint avec Parfumeurs de Cour, est employé métaphoriquement pour louange fausse, vain compliment. Laudatio futilis.

Joüet oisif de son talent futile,
N’en attendez rien de bon & d’utile ;
Séduit sur-tout & gâté chaque jour
Par l’amidon des Parfumeurs de Cour.

Rousseau, Ep. VII.