Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AMOLLIR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 301).
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AMOLLIR. v. a. Rendre moins dur, ou plutôt rendre mou & maniable. Mollire, emollire. La chaleur amollit la cire, & sèche la boue. Les Corroyeurs préparent les cuirs pour les amollir. Un peu de pluie amollit la terre qui est trop sèche. On prononce & on écrit quelquefois amolir.

Il se dit figurément des choses mêmes les plus dures, quand l’art semble leur ôter leur dureté, & leur donner de la flexibilité & de la mollesse.

A mes yeux il respire, il agit, il ordonne ;
Et le bronze amolli par un art qui m’étonne,
Dispute avec la vérité. De Bellocq.

Amollir, se dit figurément en Morale, & signifie rendre lâche, mou, efféminé, moins ferme, moins constant. On tient que les délices de Capoue amollirent Annibal. Il amollit leur courage par les délices de la paix. Ablanc. Les profanes accusent la religion d’avoir amolli le cœur des hommes, & de les avoir rendus lâches & timides. Bal. Il y a d’habiles gens qui prétendent que l’étude des belles Lettres amollit le courage. Vall.

On y joint le pronom personnel au propre & au figuré. S’amollir, pour signifier les choses qui perdent leur courage, ou leur rigueur. Mollescere. La terre commence à s’amollir. Ce pere étoit dur & inexorable ; mais son cœur s’est amolli par les larmes & les soumissions de son fils.

AMOLLI, IE. part. Mollitus, emollitus.

Aux accens dont Orphée emplit les monts de Thrace,
Les tigres amollis dépouillent leur audace. Boil.