Aller au contenu

Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ANGLOIS

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 355-356).
◄  ANGLOIR
ANGLONA  ►

ANGLOIS, OISE. s. m. & f. Nom du peuple qui habite l’Angleterre. Les habitans de cette île s’appeloient autrefois Bretons, Britanni, comme on le voit dans César, Liv. III, de Bello Gall. dans Tacite, vie d’Agricola ; dans Suétone, dans l’Epitome de Tite-Live, Liv. V ; dans Pline, Liv. IV, ch. 16 & ailleurs ; dans Méla, Liv. III, ch. 6 ; Tertullien. adv. Jud. ch. 7 ; S. Athanase, les Géographes Denys, v. 562 & suiv. & Etienne, & généralement toute l’antiquité.

On ne convient pas sur l’origine de ce nom, sur le temps que les Anglois le prirent, ni sur la raison qui le leur fit prendre. J’ai dit sur le mot Angleterre, que quelques Auteurs prétendent que le petit canton de terre qu’occuperent d’abord les Saxons entre le Holstein & le Jutland, s’appeloit Engleland, Angleterre, & que ces peuples porterent ce nom dans l’île Britannique, & donnerent à leur nouvelle conquête le nom de leur ancienne habitation. C’est le sentiment de Béde & de Krantzius, & ce sont ces Anglois-là que Béde appelle Anglois du milieu des terres, Middelengli ; Angli mediterranei. Goropius Bécanus prétend que le nom Anglois vient d’Angeln, qui signifie pêcher à la ligne, ou avec un hameçon, & qu’il leur fut donné, parce qu’ils étoient sur le bord de la mer, comme qui diroit pêcheurs. Il prétend néanmoins que ce ne fut pas seulement à cause de leur pêche, mais plus encore à cause de leurs rapines, qu’il leur fut donné.

Quelques-uns disent que vers le milieu du Ve siècle, six petits Souverains vinrent à divers temps de l’ancienne Saxe, menant avec soi chacun les peuples de sa province, ou de sa Seigneurie, dont l’un étoit l’Anglois qui donna son nom à tous les autres, & qui abolit le nom général de Saxon. D’autres disent que sur la fin du Ve siècle, Hengiste, Prince Saxon, Roi de Kent, ayant fait la conquête de Londres, voulut que toute la Bretagne changeât de nom pour prendre le sien, & s’appelât Hengesteland, c’est à-dire, Terre d’Hengiste, d’où par corruption s’est formé England, Angleterre. D’autres soutiennent que ce ne fut qu’au commencement du IXe siècle qu’Ebert, Roi des Saxons orientaux, ayant réuni les sept petits Royaumes que les Saxons avoient formés dans le midi de l’île Britannique, lui donna le nom d’Angleterre, comme nous avons dit à ce mot. Saxon le Grammairien prétend qu’il est dérivé du nom d’un Roi qu’avoient eu ces peuples, nommé Angul ; mais cet Auteur seul n’est pas un bon garant. Ce qu’il y a de certain dans tout ceci, c’est qu’il y a eu un peuple dans la Germanie qui s’appeloit Anglois, Anglus. Nous le voyons dans Tacite, de morib. Germ. ch.40. Ce peuple fut un de ceux de la partie méridionale de la Bretagne, & il y porta son nom. Tout le reste est conjecture ; mais il est très-vraisemblable qu’Egbert étoit Anglois, & Roi de ce peuple Anglois, & que par sa conquête ce peuple étant devenu le peuple dominant dans ce pays, son nom fut donné à tous les autres ; qu’ainsi ce n’est qu’au commencement du IXe siècle, que tous ces peuples, tant anciens Bretons que Saxons, porterent le nom d’Anglois.

Berte, fille de Cherebert Roi de Paris, qui avoit épousé Ethelbert Roi de Kent, fut cause de la conversion des Anglois, par la protection qu’elle donna à saint Augustin. Cordem. S. Grégoire écrit à Brunehaut Reine de France : « Vous savez combien de choses miraculeuses Dieu a faites pour la conversion des Anglois, & vous devez en avoir bien de la joie, puisque vous avez la meilleure part à cet ouvrage. » Id. Pierre Matthieu, dans la vie de Louis XI, Liv. 5, dit que le Comte d’Armagnac regardoit la rencontre d’un Anglois comme un mauvais augure. De Roch.

Anglois, oise. adj. Anglus, Anglicus. Ercoubert fut le premier des Rois Anglois, qui ordonna par édit dans tout son royaume, d’abattre les idoles, & d’observer le jeûne du carême. Fleur. Dreyden est le meilleur Poëte Anglois qui ait paru jusqu’ici. La Critique du théâtre anglois par M. Coullier est un bon livre. Un livre anglois. Caton est une Tragédie angloise. Un vaisseau anglois, la flotte angloise, un cheval anglois ; mais on ne dit point un dogue anglois, il faut dire un dogue d’Angleterre.

Anglois. s. m. Créancier fâcheux. Molestus creditor. La puissance redoutable des Anglois en France, & les ravages qu’ils y firent pendant les longues guerres entre Philippe de Valois, & Edouard III, pour la succession à la couronne, après la mort de Charles le Bel, donnerent lieu à cette expression. Le peuple appela Anglois, tout créancier trop dur, & trop pressant. Marot s’en est servi dans ce sens. Pasquier atteste qu’on le disoit encore de son temps, & il apporte ces vers adressés au Roi François I, par Guillaume Cretin.


Et aujourd’hui je fais solliciter
Tous mes Anglois, pour les restes parfaire,
Et le payement entier leur satisfaire.


Marot s’en est servi dans le même sens.

On donne encore le nom d’Anglois à une espèce de pâtisserie qu’on fait avec des prunes simplement, sans les couper, ni peler.

L’ANGLOIS. s. m. La langue que l’on parle en Angleterre. L’anglois est composé d’ancien breton, de latin, de saxon, ou allemand, & de françois. Wallis a fait une savante & judicieuse Dissertation sur la langue angloise ; elle sert de préface à son traité deloquela, & à la Grammaire angloise : la Grammaire de Miége est plus utile à ceux qui veulent apprendre la langue, celle de Wallis à ceux qui la savent.

l’Anglois. Terme de Fleuriste. Narcisse qui jette une petite fleur, un peu plus grande néanmoins que le narcisse de Narbonne. Il a le godet jaune, & par-tout égal.

Angloise, s. f. Autre terme de Fleuriste. Tulipe d’un colombin rouge & blanc.