Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ANTIENNE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 384-385).

ANTIENNE. s. f. Paroles qui dans le service de l’Eglise se chantent alternativement par deux chœurs. Antiphon, Carmen incentivum. Ce mot s’est dit d’abord tant des Pseaumes que des Hymnes. S. Ignace, disciple des Apôtres, a été selon Socrate, le premier auteur de cette manière de chanter chez les Grecs ; & S. Ambroise chez les Latins. Théodoret l’attribue à Diodore & à Flavien. Elle passa en France du temps de S. Grégoire, & se perfectionna sous Charle Magne. Amalarius Fortunatus a écrit de l’ordre des Antiennes, De Antiphonarum ordine. Maintenant ce mot se prend en une plus étroite signification, & se dit de quelques traits tirés des Pseaumes, ou de l’Ecriture, qui conviennent au mystère de la Fête qu’on célèbre. Dans les Fêtes doubles on les répète devant & après les Pseaumes, dans les simples on les dit seulement après, selon les différens Bréviaires.

On appelle aussi Antienne, ce qu’on chante à l’introïte, aux invitatoires, aux processions. On le dit aussi des motets que plusieurs choristes viennent chanter alternativement à la messe, & à vêpres, avant l’évangile, ou l’hymne.

Ce mot vient de ἀντίφωνα, qui signifie, chant alternatif.

Antienne, se dit aussi d’une petite prière qui se fait à Dieu, ou aux Saints, qui précède une oraison. Les aveugles gagnent leur vie en disant l’Antienne & l’Oraison du Saint dont on fait la Fête chaque jour.

☞ On dit figurément annoncer une bonne, une mauvaise antienne à quelqu’un ; pour dire, une bonne, une mauvaise nouvelle. Expression du style familier.