Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ANTIMENSE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 386).

ANTIMENSE. s. f. Antimensia, orum. pl. Antimense est une espèce de nappe qui tient lieu d’un autel consacré. Le P. Goar, dans ses notes sur l’Euchologe des Grecs, dit que l’Eglise grecque ayant peu d’Eglises consacrées, & les autels consacrés ne pouvant pas facilement être transportés dans ces pays-là, depuis plusieurs siècles, l’Eglise grecque a ordonné qu’au lieu d’autels consacrés on se serviroit de certaines étoffes, ou linges consacrés qu’on étend comme des nappes d’autel.

Le mot d’Antimense vient, selon quelques-uns, de μένσος, qui veut dire, un panier, une corbeille en grec ; & en Italien un mets préparé. Selon d’autres ce mot est dérivé de deux autres dont il est composé, ἀντὶ, pro, vice, au lieu, & mensa, table ; ainsi antimense est la même chose que nappe, qui tient lieu de table. Il est parlé des antimenses dans le Droit. Balsamon, sur le septième canon du septième concile, demande s’il est permis à un Evêque, comme à un Prêtre, de célébrer la Messe dans une chapelle, où, parce qu’elle n’est pas consacrée, on se sert d’antimenses. Il répond que non, parce qu’un Evêque aviliroit sa dignité s’il célébroit dans un lieu où il n’y a point de trône, & qui n’est point consacré. Voyez l’Euchologe des Grecs où l’on trouve les cérémonies & les prières de la consécration des antimenses. Voyez aussi les notes du P. Goar sur l’Euchologe ; M. Du Cange, &c.

Antimense, est aussi un autel sur lequel on ne dit point la Messe, & qui est couvert de l’Antimense, parce qu’on doit mettre dessus des choses sacrées, sous lesquelles on mettroit dans l’Eglise d’Occident un corporal.