Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APAISER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 400).
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APAISER. v. a. Mettre la paix, pacifier. Sedare, comprimere. Ce mot vient de la préposition ad, & du mot pax, paix, comme qui diroit, ad pacem conducere, conduire, induire à la paix, amener à la paix. Le Roi a apaisé tous les troubles de son Etat. Un bon Magistrat tâche d’apaiser tous les différens, & d’entretenir la concorde entre les citoyens.

Apaiser, signifie aussi, adoucir, calmer la colère de quelqu’un. Iram placare, mollire, mulcere. La pénitence des Ninivites apaisa la colère du Seigneur. Il est difficile de s’imaginer que la nature ait appris aux hommes à apaiser Dieu par le sang des victimes. Fleury. Apaiser le Prince irrité.

J’ai mandié la mort chez des peuples cruels,
Qui n’apaisent leurs Dieux que du sang des mortels.

Rac.

Apaiser, signifie aussi, diminuer, faire cesser la violence d’un mal. Dolorem lenire, mollire, levare. Apaiser les douleurs de la goutte, la violence de la fièvre.

☞ C’est encore calmer l’agitation, la violence d’une chose. La pluie a apaisé le vent. Apaiser les flots.

Apaiser, se prend aussi pour remettre une personne de quelque trouble, de quelque émotion. Reprimere iracundiam. Après avoir apaisé le bon pere, il reprit son discours.

☞ Il est aussi réciproque. Leniri, placari, levari, mitigari. Le vent s’apaise. La mer commence à s’apaiser. Le feu s’est apaisé. Mes maux se sont apaisés dès que j’ai lû ce que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. Vorr. Ce n’est que par paresse que l’on s’apaise, & qu’on ne se vange point. Labruy.

Je le vois bien, tu crois que prêt à l’excuser,
Mon cœur court après elle, & cherche à s’apaiser.

Rac.

APAISÉ, ÉE. part.