Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APATURIES

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 402).
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APATURIES. s. f. pl. Fête que les Athéniens célébroient à l’honneur de Bacchus. Apaturia. Il vient du mot grec ἀπάτη, fraude. On raconte qu’elle fut instituée en mémoire d’une victoire frauduleuse, que Melanthus, Roi d’Athènes remporta sur Xanthus, Roi de Béotie, dans un combat singulier dont ils étoient convenus, sur un différent pour les limites de leurs états. C’est pour cela que Budée traduit & appelle cette fête, Festum deceptionis, la Fête de la tromperie. C’est le Scholiaste d’Aristophane qui en rapporte l’origine dans ses notes sur la comédie des Acharniennes, & sur celle de la paix. Suidas, qui le copie, ajoute que la fête duroit quatre jours ; & Harpocration le confirme. Hérodote, Liv. I, parle aussi des Apaturies. Le premier jour des Apaturies, ceux de la même tribu se traitoient, & cela s’appeloit Δόρπια. Le second jour qui s’appeloit Ἀνάρροσις, on faisoit des sacrifices à Jupiter & à Minerve. Le troisième, qui se nommoit Κουριῶτις, on recevoit dans les tribus les jeunes garçons & les jeunes filles qui étoient en âge. Le quatrième se nommoit Ἐπίϐδα. L’Auteur de l’Etymologique donne à cette fête une autre étymologie que celle qu’on a rapportée ci-dessus. Il dit que le troisième jour les jeunes Athéniens n’étoient reçûs dans les tribus qu’après que leurs peres avoient juré qu’ils étoient véritablement leurs enfans. Ainsi parce que jusque-là, ils étoient en quelque sorte censés être sans peres, ἀπάτορε, Apatores, c’est de-là que cette fête, selon cet Auteur, fut appelée Apaturies. Xénophon au contraire, Hellen, L. I. dit que les parens & les alliés s’assembloient pour cette cérémonie, & se joignoient aux peres des jeunes gens qu’on recevoit dans les tribus ; que c’est de cette assemblée que la fête a pris son nom ; que dans Ἀπατούρια, Apaturies, l’α loin d’être privatif, est conjonctif, & signifie la même chose que ὁμοῦ, ensemble ; comme dans ἄλοχος, qui signifie ὁμόλεϰτρος, & ἄϰοιτις, qui est la même chose que ὁμόϰοιτις, lecti consors.

On prétend qu’il y avoit aussi des Apaturies à l’honneur de Jupiter & de Pallas. C’est une erreur fondée sur les sacrifices qui se faisoient le second jour, comme nous l’avons dit, & qui n’étoient qu’une partie de la fête dont nous venons de parler, & non pas d’autres Apaturies différentes.

Strabon parle d’un temple consacré à Venus Apaturienne, c’est-à-dire, trompeuse, parce qu’elle avoit usé d’adresse pour tuer des géans. Elle avoit un temple qui lui étoit consacré sous ce nom dans un lieu nommé, à cause de cela, apaturus, dans la presqu’île de Corocondama, entre le Pont Euxin & le Palus Méotide.

Outre les Auteurs que j’ai cités, voyez encore. Natal. Com. Liv. 5, chap. 12. Franc. Rossæi Archæologiæ Atticæ. Livre 5, chap. 12. & Meurs. de Fer. Græc. p. 33.