Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APOSTOLIQUE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 416-417).

APOSTOLIQUE. adj. m. & f. Qui vient des Apôtres. Apostolicus. L’Eglise catholique, apostolique & romaine. La doctrine, la foi apostolique. Les missions apostoliques. ☞ Le titre d’apostolique est un des caractères distinctifs de la véritable Eglise, qu’on donne aujourd’hui par excellence à l’Eglise romaine. On le dit particulièrement de ce qui concerne le S. Siége, de ce qui en émane. Bref apostolique. Bénédiction apostolique. Nonce apostolique.

On le dit aussi de tout ce qui se fait ou se dit à la manière des Apôtres. Une vie apostolique conforme à celle des Apôtres. Zèle apostolique, digne du temps des Apôtres.

Dans la primitive Eglise on nomma Apostoliques, & les Eglises qui avoient été fondées par les Apôtres, & les Evêques de ces Eglises, parce qu’ils étoient successeurs des Apôtres. Cela se bornoit à quatre, qui sont Rome, Alexandrie, Antioche, & Jérusalem ; parce qu’il n’y avoit que ces quatre Eglises qui eussent eu des Apôtres pour Evêques. Dans la suite les autres Eglises prirent aussi le titre d’Apostoliques, mais seulement à cause de la conformité de leur doctrine avec celle des Eglises qui étoient apostoliques par leur fondation, & parce que tous les Evêques se disoient successeurs des Apôtres. La première fois qu’on trouve ce titre donné à tous les Evêques, c’est dans la lettre de Clovis au concile d’Orléans tenu en 511, selon le P. Sirmond. Le Roi donne aux Evêques, non pas le titre d’Apostoliques, mais de très-dignes du Siége apostolique, Apostolicâ Sede dignissimi. Le Roi Gontran appelle aussi en 581 les Evêques du concile de Mâcon, Pontifes Apostoliques, Apostolici Pontifices. Les formules de Marculphe, écrites l’an 660, comme l’a montré le savant M. Bignon dans la première de ses notes sur ces formules ; ces formules, dis-je, sont pleines de ce titre. On le trouve encore dans Grégoire de Tours, Liv. IX. ch. 41 & 49, dans Sidonius Apollinaris, Liv. VI. Ep. 1. Après tout, ces exemples ne regardent que les Gaules ; & souvent ce terme, dans les formules de Marculphe, & dans Grégoire de Tours, ne se dit pas seul & absolument, quand il se dit des Evêques ; souvent il est joint à d’autres termes, & semble tomber sur la personne plutôt que sur la dignité. Viris Apostolicis, Ille Rex viro apostolico illi Episcopo, Apostolicâ Sede dignissimis, Sanctis & Apostolicâ Sede dignissimis, Sanclus & Apostolicus Remedius Pontifex ejusdem urbis. Dans Grégoire de Tours, Epitom. c. 16. Aussi le P. Ruinart, Bénédictin, dans sa note sur cet Auteur, Liv. IV. p. 166, not. 1, remarque, que quoique les Siéges épiscopaux s’appellaient Apostoliques, & qu’on donnât en ce temps-là le titre d’Apostolique à tous les Evêques ; cependant lorsqu’on donnoit ce titre absolument, & sans ajouter le nom de l’Evêque, ou de son Siége, il s’entendoit principalement du Siége de l’Evêque de Rome. En effet, c’est ainsi qu’en use Grégoire de Tours, Liv. II. ch. 1. Hist. Franc. & Liv. I. ch. 39. De glor. Mart. Et M. Bignon dit, qu’après tout, les Conciles & les Peres crient par-tout d’un consentement unanique que le Siége de Rome est appelé Apostolique d’une manière particulière. Voyez les notes sur les Form. de Marculphe, p. 251 de l’édit, in-4o. à Paris 1666, & Savaro sur l’épit. I du sixième Liv. de Sidon, Apol. p. 363. Balsamon en convient dans sa préface sur le concile de Carthage. Au reste, l’usage de donner ce titre aux Evêques, ne passa pas le septième siècle. Dans les siècles suivans, cette qualité fut restreinte au Pape seul ; & les trois Patriarchats d’Alexandrie, d’Antioche & de Jérusalem, étant tombés sous la puissance des Infidèles, ce titre demeura seul au Siége de Rome. C’est pourquoi on ne le donne aujourd’hui qu’à l’Evêque de Rome, suivant la décision du concile de Reims en l’an 1049. S. Grégoire le Grand avoit prétendu de son temps, que ce titre, qui étoit commun à tous les Evêques, appartenoit spécialement au successeur de Saint Pierre. C’est pourquoi, dans le même concile de Reims, un Evêque d’Espagne qui l’avoit pris, fut excommunié pour s’être arrogé cette prérogative réservée au Pape.

Le Royaume Apostolique, c’est le royaume de Hongrie. Il prend ce titre, comme il donne celui d’Angélique à la couronne de Hongrie.

Le Palais Apostolique, c’est le Palais du Pape. Ils n’eurent plus d’accès au Palais Apostolique.

Clercs Apostoliques. C’est un nom que l’on donne aux Religieux, appelés plus communément Jésuates.

On appelle aussi, Notaires Apostoliques, les Notaires qui font les expéditions pour la Cour de Rome. Acad. Fr.

☞ Chambre Apostolique. Tribunal où sont traitées les affaires qui concernent le trésor ou le domaine du S. Siége.

Apostolique. s. m. & f. Apostolicus. Nom de secte d’hérétiques. Il y a eu deux sortes d’hérétiques qui ont eu ce nom. Les premiers Apostoliques, nommés autrement Apotactiques, sortirent de la secte des Encratites & des Cathares. Ils faisoient profession de ne se point marier, de s’abstenir de vin, de viande, de renoncer aux richesses, & d’imiter en cela les Apôtres. C’est pourquoi ils s’appellerent Apostoliques, par un esprit d’orgueil, dit S. Augustin, her. 40. Ils parurent vers l’an 260, d’autres disent en 145 ; mais ils entendent apparemment parler de leurs peres, les Encratistes ; car les Apostoliques ne firent bande à part que vers le milieu du troisième siècle. Voyez Saint Epiphane, her. 61. Aug. her. 40. & Baron. à l’an 260. Ils s’appellerent aussi Cathares & Apotactiques. Voyez ces mots.

Les autres hérétiques nommés Apostoliques, parce qu’ils s’imaginoient vivre apostoliquement, sont du douzième siècle. Ils condamnoient le mariage, & menoient avec eux des femmes de mauvaise vie : ils rejetoient le baptême des enfans, la prière pour les morts, & l’invocation des Saints, n’admettoient point de purgatoire, & suivoient en bien des choses les extravagances des Manichéens. Saint Bernard écrivit contre eux.