Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APOSTROPHE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 417).
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APOSTROPHE. s. f. Figure de Rhétorique, par laquelle l’Orateur interrompt le discours qu’il tenoit à l’Auditoire, pour s’adresser nommément à quelque personne, soit aux Dieux, soit aux hommes, aux vivans, aux morts, même à des choses inanimées, comme à des tombeaux & autres monumens. Apostropha, conversio. Le Prédicateur a fait une apostrophe fort belle & fort touchante. L’apostrophe que Cicéron adressa à Tubéron dans l’oraison qu’il a faite pour Ligarius, est un des plus beaux endroits de ce discours.

☞ Cette figure par laquelle l’Orateur détourne son discours, & perd de vue ses Auditeurs, fait quelquefois un bel effet ; mais elle doit être employée sobrement.

☞ Ce mot vient du grec ἀποστροφὴ, aversio, formé de ἀπο, ab, & στρέφω, verto.

Apostrophe en Grammaire. C’est une petite note, un petit trait courbe dont on se sert pour marquer l’élision ou le retranchement d’une voyelle. Apostrophus, elisæ vocalis nota. Ainsi dans ces mots l’homme, l’ame, l’église, l’état, &c. La petite note, le signe ainsi figuré ’qu’on met en haut entre la consonne & la voyelle pour marquer la suppression de la voyelle finale, s’appelle apostrophe.

☞ Ce mot pris pour le signe de la suppression d’une voyelle finale, devroit être du genre humain.