Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APPUYER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 441-442).
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☞ APPUYER. v. a. Soutenir par le moyen d’un appui, disent les Vocabulistes. Sustinere. Erreur dans le françois & dans le latin. L’appui ne soutient pas, il fortifie. Appuyer, c’est fortifier une chose par une autre que l’on met tout auprès, soit pour résister à l’impression des corps étrangers, soit pour la tenir dans une situation droite. Pulcire. On appuie une muraille par des arcs-boutans. On appuie des choses qui sont violemment poussées ou qui penchent trop. On soutient ce qui est excessivement chargé, ou ce qui est trop lourd par soi-même, en plaçant quelque chose dessous. Une voûte est soutenue par des colonnes.

☞ On a dit autrefois appoyer. Nicod. dérive ce mot de appodiare ; podium, ce qui sert à appuyer, appui.

☞ On dit appuyer une maison contre une autre, contre un coteau, c’est la bâtir auprès, ensuite que cela lui serve d’appui : c’est la même chose qu’adosser. Applicare.

Appuyer le pistolet à quelqu’un, le mousqueton, c’est le présenter à bout portant. Sclopetum admovere propiùs, sclopeto incumbere in pectus alicujus.

Appuyer un cheval. Terme de Manége. Voyez Appui. Appuyer l’éperon à un cheval, calcar admovere, c’est lui appliquer fortement l’éperon. Appuyer le poinçon, c’est faire sentir la pointe du poinçon sur la croupe du cheval pour le faire sauter.

Appuyer les chiens. Terme de chasse. C’est les animer du cor & de la voix. Excitare.

Appuyer, signifie aussi mettre une chose sur une autre qui lui serve comme d’appui. On appuie la main sur l’épaule de quelqu’un. On appuie les coudes sur la table.

☞ On dit aussi s’appuyer dans cette acception. Appuyez-vous sur moi. Les vieillards s’appuient sur un bâton. On s’appuie contre un arbre. On s’appuie sur une balustrade. Niti, inniti re aliquâ, incumbere alicui rei.

Appuyer, s’emploie aussi dans un sens figuré, & signifie protéger, défendre, servir d’appui. Voyez Appui au figuré, où l’on a dit qu’il a plus de rapport à la force & à l’autorité. Protegere, tueri. Ce protecteur a promis de m’appuyer contre mes ennemis. Il a promis d’appuyer mon affaire, mon placet, mes prétentions. Quand les raisons manquent, on a recours à l’autorité pour appuyer ses sentimens. Appuyer son avis, son opinion sur une loi, sur un traité, sur un passage, sur une autorité, c’est se fortifier en faisant usage de ces moyens.

Mais l’orgueil d’un faux titre appuyant sa foiblesse,
Maîtrisa les humains sous le nom de Noblesse.

Boil.


Tout étoit juste alors : la vieillesse & l’enfance
En vain sur leur foiblesse appuyoient leur défense.

☞ On dit aussi, dans le sens figuré, s’appuyer sur quelqu’un, sur l’autorité de quelqu’un. Niti, inniti. C’est y mettre son appui. S’appuyer sur un roseau, c’est mettre son appui en une personne qui n’a aucun pouvoir.

☞ S’appuyer sur l’écriture, sur l’autorité des anciens sur la coutume, &c. c’est faire usage de ces moyens pour donner plus de force à ce qu’on dit.

Appuyer. v. n. signifie la même chose qu’être appuyé. Porter sur un appui. Inniti, Incumbere. Je ne veux pas que cette poutre appuie sur mon mur.

☞ Cette muraille appuie sur un arc-boutant.

Appuyer, se dit encore neutralement pour peser sur quelque chose. Appuyer sur le burin, sur la plume. Il ne faut pas appuyer pour bien écrire. Appuyer sur un cachet.

☞ En Musique, appuyer sur une note, c’est y demeurer long-temps.

☞ On dit, en termes de Manége, d’un cheval qui porte la tête basse, qu’il appuie sur le mors.

Appuyer des deux, c’est enfoncer les deux éperons dans le flanc du cheval.

Appuyer, comme verbe neutre, est aussi d’usage au figuré, comme synonyme d’insister. Il faut appuyer sur tel moyen. Il falloit appuyer davantage sur la fausseté de cette pièce.

APPUYÉ, ÉE. part. Fulcitus, suffultus. Un globe, qui n’est appuyé que sur un point, avec ce mot latin, Tantillo nititur, est une devise faite pour un jeune Prince encore enfant, qui fait l’espérance & l’appui d’un Etat.