Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARCHONTE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 480-481).
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ARCHONTE. s. m. Prononcez Arconte. Magistrat d’Athènes. Ce mot vient du grec Ἄρχων, qui signifie, celui qui gouverne. Après que les Athéniens eurent aboli la Monarchie, ils créerent des Archontes, qui étoient obligés de rendre compte de leur gouvernement. Archontes. Il y en eut d’annuels & de perpétuels. Médon, fils de Codrus, fut le premier de ceux-ci, & Créon fut le premier de ceux-là. Boss. Cedrus, Roi d’Athènes, dans la guerre contre les Héraclides, s’étant dévoué pour le salut de son peuple, ses enfans Médon & Nilée disputerent le royaume entre eux. Les Athéniens en prirent occasion d’abolir la royauté. A la place des Rois, ils créerent sous le nom d’Archontes des gouverneurs perpétuels. Médon, fils de Codius, exerça le premier cette charge, que ses descendans posséderent une longue suite d’années. La magistrature perpétuelle parut encore à ce peuple libre, une image trop vive de la royauté, dont il vouloit anéantir jusqu’à l’ombre même. Ainsi de perpétuelle qu’étoit la charge d’Archonte, il en réduisit premièrement l’administration à dix ans, puis à un ; en vûe de ressaisir plus souvent l’autorité, qu’il ne transféroit qu’à regret à ses magistrats. Tourreil. Il y eut 13. Archontes perpétuels en 316 ans, depuis Médon jusqu’à Alcméon. Il y eut sept Archontes décennaux, dont le premier s’appela Charobas, & le dernier Erix. Créon le premier des Archontes annuels, fut élu la 2e ou la 3e année de la 24e Olympiade. Id. Cicéron, L. I. De finibus, rend en latin le mot d’Archontes par celui de Prætor, Préteur. Pline, Liv. XXXIII. ch. 7 le traduit Magistratus. Idem.

Sous les Empereurs Romains, plusieurs villes Grecques ont eu deux Archontes pour premiers Magistrats, qui étoient la même chose que les Duumvirs dans les Colonies, & dans les Municipes.

Archonte, est un nom dont les Grecs se servent pour exprimer plusieurs dignités de l’Église & de l’Empire. Les Évêques sont quelquefois appelés Archontes.

Plusieurs Historiens appellent Archontes les Seigneurs de la Cour des Empereurs Grecs. Voyez Guillaume de Tyr, Pachymère, Nicétas, Anne Comnéne, &c.

Archonte de l’Alage, étoit un Officier qui commandoit une Compagnie de Cavalerie destinée à la garde de l’Empereur. Voyez Codin, ch. 2. n. 32.

Archonte des Antimenses, est un Officier ecclésiastique, qui fait approcher de la sainte table ceux qui doivent communier. Codin.

Archonte des Archontes. C’étoit comme un Gouverneur général, qu’on peut comparer aux Béglierbeys des Turcs, qui ont sous eux des Sangiacs ; ou à nos Gouverneurs de province, qui ont sous eux des Lieutenans généraux & des Lieutenans de Roi. Voyez Leunclavius, Cantacuzéne, Siméon Logothéte, le continuateur de Théophane, &c.

Le grand Archonte, étoit comme le premier des Officiers de l’Empereur : Obsequio Palatino præerat, dit M. du Cange.

Archonte des Églises, est celui qui a l’Intendance sur les Eglises, & même, selon quelques-uns, sur les Monastères. Voyez Codin, ch. 1. n. 25. Il est parlé d’un Archonte des Monastères en plusieurs occasions, comme s’il étoit distingué de l’Archonte des Églises. Voyez Codin, ch. 1. n. 3. Cantacuzéne, Nicétas, &c.

Archonte de l’Évangile, c’est parmi les Officiers de l’Eglise grecque, celui qui garde le livre des évangiles, pour s’en servir aux saints mystères. Codin.

Archonte des contaces est toujours de l’ordre & du nombre des lecteurs. L’archonte des contaces étoit destiné à garder les contaces, ou livres d’églises, & à en avoir soin. Voyez Arcudius, l’Eucologe, &c.

Archonte des murs, c’étoit l’Officier qui avoit soin des murs de la ville. Cantacuzéne, Siméon Logothête, le continuateur de Théophane en parlent.

Archonte du tulde, c’étoit un Officier de guerre qui avoit soin des bagages de l’Armée. L’Empereur Léon en parle dans ses Tactiques.

Archonte des lumières, ou des hommes, (τῶν φωίων) Officier ecclésiastique qui étoit chargé du soin de ceux qui devoient bientôt recevoir le baptême, Voy. Codin, ch. 1. n. 26.

Archonte de l’orfévrerie, (τοῦ χρυσοχοείου) le nom seul de cet Officier fait connoître en quoi consistoit l’exercice de sa charge. Voyez Léon le Grammairien.