Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARDEUR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 483-484).

☞ ARDEUR. s. f. Ce mot au propre signifie une chaleur extrême, véhémente. Ardor. On le dit du feu, du soleil. Les ardeurs du soleil sous la ligne sont tempérées par les vents frais de la nuit. Voyager pendant les ardeurs de la canicule.

☞ On le dit par extension de la chaleur âcre & piquante qu’on éprouve dans certaines maladies. La chaleur de la fièvre diminue. Ardeur d’entrailles. Ardeur d’urine. Voyez Dysurie.

☞ Au figuré ce mot exprime la chaleur, la vivacité avec laquelle on se porte à quelque chose. Ardor, fervor animi. Il a beaucoup d’ardeur pour les belles connoissances. Il faut aimer ses amis avec ardeur. Mon ardeur me tient lieu de mérite. Sar. L’ardeur de sa dévotion, de son zèle le tient continuellement en action. Il a fait cela dans l’ardeur du combat, de la jeunesse & de la dispute.

☞ On le dit aussi pour fougue, emportement. Brébeuf, pour égaler l’ardeur de Lucain, s’est trop enflammé lui-même, & il a surpassé la fougue de ce Poëte. S. Evr.

☞ On le dit de même de la grande activité de quelques animaux. Ce cheval a trop d’ardeur, il s’emporte trop, & il est inquiet sous le Cavalier. Ce chien chasse avec ardeur le sanglier.

Ardeur, signifie aussi un attachement, une passion amoureuse.

Une première ardeur est toujours la plus forte ;
Le temps ne l’éteint point, la mort seule l’emporte.

Corn.

Rien ne peut modérer mes ardeurs insensées.

Racin.