Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARGOT

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 494-495).
◄  ARGOS
ARGOTER  ►

ARGOT. Voyez Ergot.

Argot. s. m. En termes de Jardinage, est le bois qui est au dessus de l’œil, & qui n’étant point recouvert par sa pousse, meurt & est inutile. Lignum succo destitutum. Argot, c’est l’extrémité d’une branche morte. La Quint. Liger. Les véritables règles de la taille veulent qu’on retranche jusqu’au vif tous les argots qui paroissent sur un arbre. Oter l’argot, c’est retrancher cette extrémité morte jusqu’au vif. La Quint. On donne ce nom à ces petits morceaux de bois qui paroissent sur un arbre, par ressemblance aux argots des coqs. Liger.

Argot ; est aussi le nom que les gueux ou les voleurs donnent à la langue ou au jargon dont ils se servent, & qui n’est intelligible qu’entre eux. Brider la lourde sans tournante, c’est, dans le langage des gueux, ouvrir une porte sans clef. Il y a à la fin du Poëme de Cartouche un Dictionnaire Argot-francois. L’Auteur de ce Poëme, Chant. X, p. 74 & 75, a badiné fort agréablement sur l’étymologie d’argot. Balagny dit que ce mot vient de la ville d’Argos, où Agamemnon fit fleurir ce jargon éloquent, & Cartouche remonte plus haut, en tirant l’origine de cette langue d’Argo, navire des Argonautes, sur lequel Jason avec les Princes Grecs alla conquérir la Toison d’or.