Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARPENT

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 518).
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ARPENT. s. m. Certaine mesure de la surface des terres, qui est différente selon les diverses provinces, & qui est ordinairement de cent perches carrées, c’està-dire de dix perches de longueur & autant de largeur. Jugerum. L’arpent contient environ un setier de semence. L’arpent de Paris a cent perches, & la perche vingt-deux pieds, qui font deux mille deux cens pieds en carré. Au perche, la perche est de vingt-quatre pieds, & le pied est de treize pouces. L’arpent de Poitou est de quatre-vingts pas de chaque côté. L’arpent de Montargis a cent cordes, & chaque corde a vingt pieds. L’arpent de Clermont en Beauvaisis a cent verges, & chaque verges vingt-six pieds. L’arpent ou le journal en Bretagne a vingt cordes en longueur, & quatre en largeur, chaque corde de vingt-quatre pieds. Dans le duché de Bourgogne, l’arpent de bois est de quatre cent quarante perches, & le journal de terre, de vigne, ou de pré, de trois cent soixante.

Ce mot vient, selon Scaliger, de aripennis, ou de arpendium, ou arvipendium, qui étoit une mesure d’Arpenteur. Aripennis se trouve aussi pour arpent, Act. Sanct. Jun. T. I, p. 189. B. & ailleurs. Pontanus, après Columella, dit que c’est un ancien mot gaulois dont use Reginon dans son Histoire, dérivé de aert, & de pandit, mots danois, signifiant une terre bornée. Du Cange dit qu’il vient de arapennis, dérivé ab arando, ou plutôt de ard, ou erd, terre ; & pand, ou pend, qui signifie carré. C’est la remarque des Jésuites d’Anvers, Acta Sanct. Apr. T. III, p. 72. E. sur les Diplômes de Louis le Jeune, dans lesquels on trouve Agripennum & Arpennum, pour arpent, & non pas erpan, comme ces Auteurs écrivent ; on trouve encore Arpenna, æ, dans un acte de l’an 1051. Act. Sanct. Maii, T. V, p. 59. On trouve aussi Arpennus & Arpentum. Voyez la nouvelle Hist. de Bret. T. II, p. 121 & 295. Isaac Pontanus, dans ses Origines Francicæ, Lib. VI. c. 34, est de même sentiment, à cela près qu’il prétend que pand signifie, ce qui a des limites, ce qui est borné.

On dit par hyperbole d’un homme qui a le nez, le visage trop longs, ou mal proportionnés, qu’il a un nez, un visage d’un arpent, &c.