Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARQUEBUSE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 519).
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ARQUEBUSE. s. f. Arme à feu de la longueur d’un fusil, ou d’un mousquet, & qui se bande d’ordinaire avec un roüet. Sclopetus, ferrea fistula. C’est la plus ancienne des armes à feu, montée sur un fût ou long bâton. Elle a, selon Hanzelet, quarante calibres de long, & tire une once & sept huitièmes de plomb, avec autant de poudre. On ne s’en sert plus aujourd’hui.

☞ On appelle arquebuse rayée, celle dont le canon est rayé par dedans.

☞ Et arquebuse à croc, une sorte d’arquebuse dont le canon est si gros & si pesant, qu’on ne s’en sert guère que pour tirer de derrière les murailles d’une place, en l’appuyant quelque part pour tirer. Elle se charge comme le canon, & l’on y met le feu avec une mèche. La première fois qu’on a vu des arquebuses, ce fut dans l’armée impériale de Bourbon, qui chassa Bonnivet de l’état de Milan. Elles étoient si massives & si pesantes, qu’il falloit deux hommes pour les porter, & on les tiroit appuyées sur des fourchettes, & chargées de pierres rondes. Vendenesse, frère de la Palice, & Bayart, à qui Bonnivet avoit abandonné le soin de la retraite, en furent blessés & en moururent.

On donne le nom de jeu de l’Arquebuse à l’exercice de plusieurs jeunes gens assemblés en de certains jours, pour voir à qui tirera le mieux de l’arquebuse.

☞ On donne un prix à celui qui approche le plus près du but. On continue de les appeler Arquebusiers, compagnies d’arquebusiers, quoiqu’ils ne se servent plus d’arquebuses pour s’exercer à tirer, mais de fusils.

Arquebuse a vent. Sorte de machine pneumatique : c’est une arquebuse qu’on charge avec du vent comprimé, & qui ne laisse pas de faire un fort grand effet. Les arquebuses à vent ont été inventées par un bourgeois de Lisieux, nommé Marin, qui en présenta une au Roi Henri IV, quoique quelques-uns croient que cette invention soit dûe à quelques ouvriers de Hollande. M. Blondel la montre dans son Art de jeter les bombes, & l’on en voit la figure & la construction dans le livre des Elémens de l’Artillerie de Rivaut.

Ce mot vient de l’italien arcobusio, ou arco abuso, ainsi dit de arco, qui signifie un arc : & de busio, un trou, à cause du trou par où on met le feu à la poudre dont on charge les arquebuses, qui ont succédé aux arcs des Anciens. Ménage. D’autres croient qu’il vient de arqueraux, qui sont des instrumens de guerre pour jeter des pierres, dont Froissart fait mention ; & prétendent qu’on disoit autrefois acquebuse.

Une arquebuse, avec ce mot, vis abdita, peut être la devise, ou d’un traître, ou d’une personne modeste, ou d’un Prince ou ministre, qui fait réussir ses projets par le secret. L’arquebuse avec ces mots, & manus & mens, marque les entreprises, où il faut penser & agir pour réussir.