Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARUM

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 544-545).
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ARUM. s. m. Plante. Sa tige s’élève peu. Ses feuilles ressemblent à la serpentine, dont elle a les propriétés. Sa graine est aussi jaune que le safran. Le R. P. Plumier, dans ses Plantes de l’Amérique, p. 40 & suiv. distingue six espèces d’arum.

L’Arum montant, à grandes feuilles percées. Arum hederaceum amplis foliis perforatis, s’attache contre le tronc des arbres, de la même façon que nos lierres. Sa tige, qui monte en serpentant, a un peu plus d’un pouce de grosseur, & paroit comme écaillée, à cause des marques des feuilles qui en sont tombées : elle est un peu ridée ; son fond est de couleur de cendre, & les marques des feuilles sont vertes & picotées de quantité de petits points plus foncés : elle jette de part & d’autre quantité de racines, qui s’attachent aux troncs des arbres. La plupart de ces racines sont fort menues & courtes : quelques autres sont fort longues, & un peu plus épaisses qu’une plume à écrire : elles sont rousses, fort souples, & fort adhérentes aux troncs des arbres. La substance intérieure de cette tige est fort blanche, charnue, & mêlée de fibres. Elle pousse des feuilles alternativement fort proches les unes des autres, sur-tout vers le haut, d’environ un pied & demi de longueur, & de neuf à dix pouces de largeur ; elles sont presque pointues au bout, & arrondies vers le pédicule, qui a environ un pied de long, & qui est gros comme le petit doigt, cannelé depuis le milieu jusqu’au bas, mais arrondi dans le reste, & un peu tuméfié dans l’endroit où il s’insère dans la feuille. Ces feuilles sont lisses & membraneuses, tendres, d’un vert fort agréable, plus clair par-dessus que par-dessous. Dans le dessous de la feuille on remarque plusieurs côtes obliques & élevées. Il y a une grande fente dans l’espace compris entre deux de ces côtes, qui ressemble en quelque façon à une plaie ouverte, & rebordée en dedans ; & toute la feuille a quelque apparence d’un masque assez grotesque. Il sort du sein des feuilles supérieures une espèce d’enveloppe, qui est une feuille un peu plus épaisse que les autres, & semblable à celle qui renferme le fruit du pied de veau commun, ou Arum vulgare. Elle a plus de demi pied de long : sa substance est membraneuse, verte par dehors, jaune, luisante, & fort unie en dedans : quand elle s’ouvre, on découvre un fruit fait à peu-près comme un épi de blé de turquie, de forme cylindrique, mais arrondi par le bout : il a environ cinq pouces de long sur un pouce de diamètre ; il est fort tendre, fort poli, de couleur d’or, & comme buriné par carreaux à six pans de la grandeur d’une lentille, disposés comme les cellules d’une ruche de mouches à miel : au milieu de chaque carreau, il y a une petite bossette un peu plus longue que large, de couleur d’azur, de façon qu’il semble que ce soit un saphir, enchâssé dans un chaton doré. Quelques Auteurs ont remarqué que cette plante est un remède souverain contre la morsure des bêtes venimeuses. On en trouve en plusieurs endroits de l’Amérique. C’est le bois des couleuvres du Père du Tertre, Histoire des Antilles, Tr. III. C. 4. §. 13, le Clematis Malabarensis foliis latis colore dracunculi de G. B. le lignum colubrinum primum Acosta Lugd. Lib. XVIII. c. 140. P. Plum.

Arum montant en trèfle, & à oreillons. Arum hederaceum, triphylum & auritum. Cette plante diffère de la précédente, en ce que sa tige est d’un vert cendré, lisse, & qu’elle a plusieurs nœuds annulaires fort près les uns des autres, de chacun desquels il sort une racine fort longue, d’environ une ligne d’épaisseur. Le pédicule des feuilles a presque deux pieds de long ; il est fort large au commencement, & embrasse la tige ; il est creusé en canal jusqu’environ le tiers, puis long d’environ deux lignes d’épaisseur. La feuille qui est lisse, a presque la figure d’un fer de pique, neuf à dix pouces de long, & près d’un demi-pied de large. Elle est accompagnée de chaque côté d’une feuille encore plus petite, & chacune de ces feuilles a une oreillette placée du côté du pédicule. Les fruits naissent parmi les pédicules de ces feuilles, semblables à ceux de nos pieds de veau. Leur enveloppe, qui a neuf ou dix pouces de long, est étranglée vers le tiers de la hauteur, lisse en dedans & en dehors, d’un vert tout-à-fait beau ; mais la moitié d’en-bas du dedans est d’une couleur de feu très-agréable ; le reste vert-pâle. Elle enferme comme deux pilons joints ensemble par un col fort étroit de couleur vermeille, cylindriques & longs de sept à huit pouces, sur plus d’un demi pouce d’épaisseur ; celui d’en-haut est une fois plus long que celui d’en bas. Il est comme doré, & tout buriné par deux lignes spirales, qui montant l’une à droite, & l’autre à gauche, composent un ruisseau, dont les carreaux sont comme joints par une espèce de suture. Ils ont chacun en leur milieu un petit trou fort enfoncé. La partie d’en bas est divisée en carreaux hexagones barlongs de couleur vert gai, dont les extrémités s’emboîtent l’une dans l’autre. Il y a dans le fond de chacun une petite demi-boule blanche, de sorte qu’il semble qu’on ait enfoncé une perle dans une émeraude. P. Plum.

Arum montant, à feuilles fermes, froncées & fendues. Arum hederaceum, soliis bisectis & fulcatis. Outre ses différences marquées dans son nom, parmi les pédicules des feuilles qu’il porte vers le bout, au nombre de sept ou huit, il sort quelques fruits qui penchent en bas, attachés à des pédicules de plus d’un demi-pied de long, sur trois ou quatre lignes d’épaisseur, articulés en deux ou trois endroits, & garnis en chaque articulation d’une feuille creuse, longue, étroite, & grisatre. Ces feuilles enveloppent le fruit dans sa naissance ; il est cylindrique, long d’environ quatre pouces, sur un de diamètre, émoussé par le bout, tout couvert, lorsqu’il sort de ces enveloppes, de quantité de filamens longs & menus comme des cheveux, d’un tanné fort obscur, & entortillés presque comme ceux d’une perruque. Le cylindre est entaillé par des carreaux disposés en réseau de trois à quatre lignes de large. Leur fond est vert ; les angles intérieurs ont chacun une entaillure dentelée, relevée, & qui en occupe tout le fond. Il y a dans le milieu quatre bossettes brunes, disposées en croix de saint André, avec une petite éminence dans chaque coin, semblable à une caroncule. P. Plum.

Les autres espèces sont l’Arum, arbre à feuilles de sagittaire, Arum arborescens, Sagittaria foliis. Son fruit & ses feuilles échauffent & piquent la langue ; mais la racine est douceâtre & d’un assez bon goût. C’est l’Arum Brasilianum arborescens, folio Sagittariæ, Paradisi Batavi, in Predromo. C’est encore l’Aninga Iba de Pison, selon le P. Plumier. L’Arum à tige & à feuilles de la canne d’Inde, Arum caulescens, canæ, Indicæ foliis. L’Arum à feuilles fermes, étroites & pointues, arum foliis rigidis angustis & acuminatis. Quelques-uns le nomment perroquet. Ces espèces différent comme les précédentes par la forme & la grosseur de leurs racines, la figure de leurs feuilles, les couleurs de leurs fruits, & la diversité de leurs carreaux & du raiseau qu’ils forment, &c.

l’Arum, arbre, naît dans les lieux marécageux & humides. Sa racine est presque aussi grosse que le bras, & longue de deux pieds, il ne pousse ordinairement qu’une tige, épaisse d’environ deux pouces, & haute de cinq à six pieds, assez ferme, ronde & noueuse, & presque comme nos roseaux.

l’Arum à tige, a sa racine grosse, presque comme la moitié du bras, & d’une longueur indéterminée. Sa tige, qui est fort droite, s’élève de trois ou quatre pieds de haut, & est épaisse d’environ deux pouces. Au bout de cette tige, il y a sept à huit feuilles fort tendres, d’un pied de long sur demi pied de large. Du creux de leurs pédicules sortent les fruits.

l’Arum à feuilles fermes, a plusieurs racines de différente grosseur. Il pousse plusieurs feuilles dès la racine, pointues & dressées en haut, parmi lesquelles il y a quelques pédicules assez longs, portant chacun un fruit, qui, quand il est mûr, a près de neuf à dix pouces de long sur un pouce d’épais. Le fruit & les feuilles piquent la langue quelque temps après qu’on les a mâchés. Cette plante se voit dans les forêts humides, sur les troncs des vieux arbres, Voyez le P. Plumier, Description des Plantes de l’Amérique, p. 44 & suiv.