Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ASPHODÉLE, ou ASFODÉLE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 557).
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ASPHODÉLE, ou ASFODÉLE. s. f. Asphodelus. On disoit autrefois asfrodille. Plante dont les racines sont en bottes, c’est-à-dire, composées de plusieurs navets ramassés à leur collet en une botte, d’où partent plusieurs feuilles vertes, longues, étroites, pointues, & pliées en une goutière, triangulaires, & d’entre lesquelles s’élève une tige ronde, lisse, nue, quelquefois branchue, haute de quatre à cinq pieds, & terminée par un épi de fleurs blanches, rayées extérieurement par des lignes purpurines, découpées en six parties ; le pistil, qui occupe le milieu de la fleur, devient un fruit vert, arrondi, gros comme une moyenne noisette, divisé en trois loges, qui renferment chacune plusieurs semences triangulaires. Elle croît communément en Languedoc ; on la trouve aussi dans d’autres provinces du royaume. Ses racines, quoique désagréables & âcres, ont cependant servi de nourriture à des peuples entiers ; & dans des années de disette on en a fait du pain ; on les mangeoit aussi du côté de Bordeaux comme des navets. On plantoit anciennement l’asfodéle auprès des tombeaux, afin que les manes du cadavre pussent trouver de quoi se nourrir. Porphyre dit dans une de ses épigrammes pour inscription sur un tombeau : Au dehors je suis muni de mauve & d’asfodéle, & au dedans de moi je ne renferme qu’un cadavre. Il y a une espèce d’asfodéle qu’on cultive dans les jardins à cause de sa fleur. Asphodelus luteus. ☞ C’est un genre de plante à fleur en lis, composée d’une seule pièce, découpée en six parties, qu’on appelle Lis asphodèle.