Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ASPRE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 559).
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ASPRE. Voyez Âpre.

ASPRE. s. m. C’est une petite monnoie de Turquie ; dont on paye les Janissaires. Il en faut 50 pour en faire un écu de France. Busbek, & Leunclavius, dans les Pandectes de Turquie, en ont parlé amplement. Voyez aussi Ricaud, de l’Empire Ottoman. La plupart des revenus du Grand-Seigneur se reçoivent en aspres, qui sont de petites pièces d’argent, qui valent environ 8 deniers, & qui n’ont d’autre empreinte que le nom du Prince qui les a fait battre ; & parce qu’il s’en trouve grand nombre de faux, il y a de grandes poëles, dans lesquelles on les remue long temps sur le feu pour les éprouver. Voyage du Lev. par D. C. Sultan Osman vit un jour un arbre qui lui sembla avoir la forme de l’un de leurs Dervis ; il lui assigna un aspre de paye tous les jours par aumône, & choisit un homme pour recevoir l’aspre, qui a le soin de l’arroser, & de le cultiver pour son argent. Id. La paye des Janissaires est de douze à quinze aspres par jour. Id. De la Boulaye le Gouz le nomme aspre, ou acchia, & dit qu’il vaut quatre mangoures. Nicolaï, dans ses Peregrinations Orientales, Liv. III. ch. 4, l’estime 10 deniers tournois.

Aspre a été aussi une monnoie du temps de Justinien. Les Anciens ont appellé aussi monnoie aspre, celle qui étoit nouvelle, & qui n’étoit pas encore usée par le frai, & maniment. Nummus asper. Les Grecs modernes ont appelé aspre, la monnoie blanche. Du Cange, & Scaliger, De Re nummaria, pag. 58.