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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ASSA FŒTIDA, ou ASA FŒTIDA

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 560).

ASSA FŒTIDA, ou ASA FŒTIDA. s. f. Ce mot est latin. On l’appelle Merde du Diable, stercus Diaboli : apparemment à cause de son odeur d’ail, qui n’est pas agréable à tout le monde, quoique dans les Indes Orientales on l’emploie dans les ragoûts. Les Maréchaux l’ont mise en grande réputation pour les maladies des chevaux, principalement pour le farcin. Cette drogue est gommeuse & résineuse ; elle se fond sous les doigts comme la cire : son odeur est forte, & approche de celle de l’ail, elle est acre au goût, & sa couleur tire sur le roussâtre. On nous l’apporte des Indes Orientales. On en distingue deux espèces, l’une qui est en morceaux purs, & l’autre qui est en masse informe, moins pure & grumelée. Cette drogue s’emploie pour les maladies des femmes ; elle est résolutive, estimée contre la peste, & elle entre dans plusieurs compositions. On ne sait point de quelle plante elle sort ; & ce qu’en ont dit la plupart des Auteurs de Pharmacie, aussi-bien que les Botanistes, ne sont que des conjectures, auxquelles ont donné lieu différentes relations de voyageurs peu entendus & peu connoisseurs. Ceux qui croient, après quelques Anciens, qu’elle se tire du laser, ou laserpitium, seroient fort embarrassés s’ils étoient obligés d’éclaircir les questions & les disputes si souvent renouvellées parmi les Botanistes au sujet du vrai laser & de la gomme des Anciens, ou suc des Cyréniens, succus Cyrenaïcus. Il ne sera jamais possible de concilier les Commentateurs de Dioscoride & de Pline sur cela, tant qu’on n’aura que des conjectures à avancer. Quelques Modernes assurent qu’il y en a beaucoup en Perse, & qu’on la tire de deux sortes de plantes, dont l’une jette beaucoup de sarmens, comme le saule aquatique ; & l’autre a les feuilles semblables à celles du titimale. Théophraste dit que cette plante fuit les lieux cultivés, qu’elle s’y abâtardit, & que ses feuilles sont de couleur d’or. Cette gomme que les Apothicaires appellent laser, est ordinairement sophistiquée : & il étoit autrefois si difficile d’en recouvrer de la vraie qui venoit de la région Cyrénaïque, que Néron la gardoit en son trésor comme une chose précieuse : & Pline témoigne qu’elle étoit si recherchée de son temps, qu’on la vendoit au poids de l’argent. On appelle le Benjoin Assa dulcis.