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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ASSEOIR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 565-566).
ASSIS  ►

ASSEOIR. v. a. irrégulier. Mettre dans un siège. Asseoir un malade. Asseoir un enfant. Asseyez cette femme à cheval.

☞ Il s’emploie plus ordinairement avec le pronom personnel. Il se conjugue de la manière suivante. Indic. prés. Je m’assieds, tu t’assieds, il s’assied, nous nous asseyons, vous vous asseyez, ils s’asseyent. (Vaugelas voudroit que l’on dit, ils s’assient ; mais il n’est pas suivi en cela.) Imparf. Je m’asseyois, nous nous asseyions, vous vous asseyiez. Prét. Je m’assis. Fut. Je m’asseyerai, ou je m’assierai. Impér. Assieds-toi, qu’il s’asseye, asseyons-nous, asseyez-vous, qu’ils s’asseyent. Sub. prés. Que je m’asseye, que nous nous asseyions, que vous vous asseyiez. Imparf. Que je m’assisse, que tu t’assisses, qu’il s’assit, qu’ils s’assissent. Part. Act. S’asseyant, & non pas s’assoyant. Part. passif. Assis. Les temps composés de ce verbe se forment de l’auxiliaire être : Je me suis assis, je me fus assis, je m’étois assis, &c. Restaut. Il s’assit, il souffle… il s’assit, il se repose… il revient enfin à la solitaire, où il se fixe, où il se lasse, où il s’assit, où il oublie de dîner. La Bruyère. Dans tous ces exemples l’Auteur confond le prétérit avec le présent de l’indicatif, dont la troisième personne est, il s’assied. Il y en a qui disent assisons-nous, ou sisons-nous ; d’autres assoyons-nous, ou soyons-nous. Il faut dire asseyons-nous, Ce verbe signifie se mettre sur un siège, se reposer. S’asseoir sur des bancs, sur des chaises, sur des gasons. S’asseoir à terre. S’asseoir sur son cul comme un singe. Les Païens faisoient asseoir leurs Héros à la table des Dieux. Nous nous assîmes proche la statue de Platon. On n’oseroit s’asseoir chez le Roi.

Asseoir, se dit aussi de ce qu’on met à demeure dans une situation convenable, poser sur quelque chose de ferme, de solide. Collocare, ponere. Asseoir une colonne sur sa base. Asseoir une figure sur son piédestal. Asseoir des bornes en quelque lieu. Asseoir des machines. Vaug. Asseoir un mur sur un fondement solide. Asseoir un bâtiment dans une situation agréable. On a des poseurs pour asseoir les pierres. On dit aussi à l’armée. Asseoir son camp, pour dire, placer son camp en quelque lieu. On dit aussi qu’un essaim d’abeilles, qu’un ciseau s’est allé asseoir sur un tel buisson, ou un tel arbre, pour dire, qu’il s’y est amassé, qu’il s’y est allé reposer, percher.

On dit au Manège, faire asseoir un cheval sur les hanches, pour dire, les lui faire plier, lorsqu’on le galope, ou qu’on l’arrête ; le faire aller avec la croupe plus basse que les épaules. On le dit aussi de la manière dont le cavalier est à cheval. La bonne manière de s’asseoir fait plus que toutes les autres aides. Newc. Etant dans la selle, il faut s’asseoir sur la fourchure, & non pas sur les fesses. Id. Asseoir une cuve, chez les Teinturiers, c’est la préparer, y mettre les drogues & les ingrédiens nécessaires, pour qu’on puisse y laisser les étoffes, laines, soies & en bain.

Asseoir, se dit aussi en choses spirituelles & morales. Assidere. Dieu a fait asseoir son Fils à sa droite. Il fera asseoir les Apôtres auprès de lui pour juger les douze Tribus d’Israël.

On dit figurément asseoir son jugement, pour dire, juger en connoissance de cause. Judicium, sentenciam ferre. Il ne faut asseoir son jugement sur quelque affaire que ce soit, qu’après une mure délibération. On dit aussi, asseoir sa vue sur quelque objet ; pour dire, s’y arrêter, le contempler. Oculos figere, defigere.

☞ Dans cette acception on ne peut l’employer qu’à l’infinitif ; & ce seroit mal parler que de dire je n’assieds, ou je n’ai assis aucun jugement là-dessus. Il en est de même de tous les autres temps & de tous les autres modes, sans en excepter les participes. Il faut alors se servir d’un autre verbe ou d’un autre tour de phrase.

☞ On dit aussi qu’on ne peut asseoir aucun fondement sur ce que dit quelqu’un, sur ce qu’il promet ; pour dire, qu’on ne peut pas se fier à sa parole, & à ses promesses.

Asseoir en jurisprudence, signifie assigner, hypothéquer une rente, une pension sur des héritages. Designare, assignare. Les Notaires disent dans leurs contrats de constitution, un tel a assis & assigné une telle rente, une telle pension viagère sur un tel héritage, qu’il a affecté & hypothéqué au payement.

Asseoir en matière d’impôts, signifie, départir, régler les tailles & autres droits qui se payent par capitation. Tributa singulorum in capita describere. On a envoyé des commissions aux Elus pour asseoir & départir la taille de leur Election. Ce sont tels & tels paysans qui doivent asseoir la taille en un tel village l’année prochaine. Ils font nommés pour asséeurs. |

Asseoir les ventes, termes des Eaux & Forêts. C’est désigner le canton où est le bois qui doit être vendu. Designare.