Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AUBAIN

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 622-623).
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AUBAIN. s. m. Terme de Chancellerie & de Palais. Etranger qui habite dans un pays où il ne s’est point fait naturaliser. Hospes loci, peregrinus, advena. Le Roi prétend succéder à tous les Aubains, à l’exclusion de tous les autres Seigneurs. Un Aubain peut disposer de ses biens par donation entre-vifs, & non par testament. Les enfans d’un Aubain, nés en France, lui succèdent : leur naissance leur tient lieu de lettres de naturalité.

Nicod dérive ce mot de alibi natus. Cujas le dérive de advena ; car les Aubains sont ainsi appelés dans les Capitulaires de Charlemagne. Caseneuve, après M. du Cange, le tire du mot Albanus, nom qu’on a donné aux Ecossois, ou Hibernois, qui autrefois avoient coutume de voyager dans les pays étrangers, & de s’y habituer. Ils ont été appelés Aubains en France, ce qui s’est étendu à tous les autres étrangers. M. de Laurière, dans ses notes sur Ragueau, appuie son sentiment de différens passages d’Auteurs, qui montrent que les Anglois, les Ecossois, & les Irlandois, étoient autrefois les plus grands voyageurs du monde : il ajoute que l’étymologie d’Aubain, que quelques-uns font venir du mot albinus, formé d’alibi natus, est un jeu de mots ridicule.

Les Aubains ne peuvent posséder ni charges, ni bénéfices dans le Royaume, à moins qu’ils n’aient obtenu des lettres de naturalité. Les enfans d’un François habitué, & marié en pays étranger, ne sont point réputés Aubains, lorsqu’ils reviennent demeurer en France. De Lange. Les biens des Aubains morts sans enfans & sans héritiers, appartiennent au Roi par l’Ordonnance de S. Louis. Se aucun Aubain ou bastard muert sans hoirs, ou sans lignage, li Roi est hoir, ou li Sies sous qui il est, se il muert el cuer du Chastel.

Quelques Auteurs écrivent Aubin pour Aubain ; le plus grand nombre écrit Aubain : & cela fait l’usage.