Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AUBIER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 624-625).
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AUBIER, ou AUBOUR. s. m. Arbrisseau dont les rameaux ressemblent à ceux du sureau. Opulus. Ses feuilles sont larges, anguleuses, presque semblables à celles de la vigne. Ses fleurs sont de deux sortes, disposées en parasol : celles de la circonférence sont plus grandes que les autres, de belle couleur blanche, ressemblantes à des roues à cinq quartiers : elles ne laissent aucune graine après qu’elles sont passées. Les fleurs qui occupent le milieu, sont plus petites, & ressemblent à des godets coupés en cinq quartiers. Il succède à celles-ci une baie un peu plus grosse que celle du sureau, molle, rougissante à mesure qu’elle mûrit, dans laquelle est renfermée une semence dure, fort aplatie, échancrée en cœur. C. Bauhin l’appelle sambacus aquatica, flore simplici, & M. Tournefort opulus Ruelli. Il y a une autre espèce d’aubier dont les fleurs sont ramassées en rond ou en globe épais. M. Tournefort l’appelle opulus flore globoso. L’aubier sert à faire des bocages dans des maisons de plaisance.

Aubier, ou Aubour. Terme d’Histoire naturelle. Alburnum. On dit plus communément aubier. On entend par-là les couches de bois imparfait qui se trouvent entre le bois formé & l’écorce, ou la partie blanche & molle, qui est entre le vif de l’arbre & l’écorce.

Ces couches ligneuses commencent par être molles & herbacées, avant que d’avoir acquis la solidité du bois. elles ne passent pas subitement de l’état de molesse qu’elles ont d’abord à la dureté du bois parfait. Elles n’acquièrent toute la dureté dont elles sont capables, qu’après bien des années. Dans un jeune arbre les couches ligneuses (très-apparentes qui indiquent la crue de chaque année) sont de force, de dureté & de densité inégale, celles du centre étant les plus dures, & celles de la circonférence les plus tendres.

L’endurcissement des couches se fait donc par degrés, & de la couche la plus tendre à la plus dure ; on peut remarquer une nuance qui passe par des gradations insensibles. On y remarque seulement à la première un restant dont on est frappé, & c’est ce restant, cette différence de densité si aisée à appercevoir, qui distingue l’aubier du bois.

Comme la nature ne fait rien que progressivement, il n’est pas surprenant que le bois n’acquière sa dureté que peu-à-peu.

L’aubier est organisé ainsi que le bois. Il est formé de vaisseaux lymphatiques, de tissu cellulaire, de vaisseaux propres & de trachées, disposés par couches, comme dans le bois, dont il ne différe point essentiellement, puisqu’il deviendra bois quand il aura acquis avec le temps une plus grande dureté.

D’ailleurs, ajoute M. Duhamel, comme il ne se fait aucune production nouvelle entre le bois & l’aubier, il faut nécessairement conclure de ce que le bois parfait augmente en grosseur, qu’il ne peut acquérir cette augmentation que la conversion de l’aubier en bois.

L’aubier de chêne a un pouce, ou un pouce & demi d’épaisseur autour de l’arbre. Il est défendu par les statuts des Menuisiers & Charpentiers, d’employer du bois où il y ait de l’aubier, parce qu’il se pourrit trop tôt. Quand on équarrit le bois à vive arète, il en faut retrancher l’aubier.

Ce mot vient de alburnum, qui se trouve dans Pline, dont on a fait aubour, & de albarium, & albinum, dont on a fait aubier & aubin en la même signification, & cela fondé sur la couleur blanche de l’aubier. Ménag.