Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AURONNE, AURONE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 658).
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AURONNE, AURONE. s. f. Abrotonum. s. m. Plante qui approche fort de l’absinthe par son port. Ses feuilles sont dans la plupart des espèces découpées menu : ses fleurs & ses semences sont tout-à-fait semblables à celles de l’absinthe. On distinguoit autrefois cette plante en mâle & femelle, abrotanum mas & fœmina. La femelle, qui ne porte point ses fleurs disposées en épi, est appelée à présent santolina, garderobe, petit cyprès. L’auronne est apéritive. Sa décoction fait mourir les vers.

Ce mot vient du grec ἄϐροτος, inhumain ; ou de βρωτὸς, qui signifie une chose bonne à manger, & de la particule privative α, comme qui diroit une plante que l’on ne sauroit manger, à cause de son amertume, qui est plus grande que celle de l’absinthe. Cependant cette étymologie paroit difficile à accorder avec la quantité d’abrotonum, dont Horace & Lucain font la première syllabe brève, ce qui ne pourroit être, s’il venoit de βρωτὸς, qui s’écrit par un ω. Ne seroit-il pas raisonnable de tirer l’étymologie de ce mot de l’α privatif, & de βροτὸς, qui signifie mortalis, mortel ; & de dire que l’auronne est appelée abrotonum, parce que les Médecins la donnoient aux malades pour les préserver de la mort. C’est l’idée que nous donne Horace de l’abrotonum, lorsqu’il dit dans la première Epître du second Livre, abrotonum ægro non audet, nisi qui didicit, dare.

Vin d’aurone. Vinum abrotonites. C’est un vin fait avec l’aurone : comme on fait du vin d’absinthe. Il y a plusieurs espèces d’aurone.