Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AVARICIEUX

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 621).
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☞ AVARICIEUX, EUSE. adj. Avarus. On confond dans l’usage ordinaire les mots d’avare & d’avaricieux. Cependant ils ont leurs nuances. Il semble, dit M. l’Abbé Girard, qu’avare convient mieux lorsqu’il s’agit de l’habitude & de la passion même de l’avarice ; & qu’avaricieux se dit plus proprement, lorsqu’il n’est question que d’un acte ou d’un trait particulier de cette passion. Le premier de ces mots a aussi meilleure grâce dans le sens substantif, c’est-à-dire, pour la dénomination du sujet ; & le second dans le sens adjectif, c’est-à-dire, pour la qualification du sujet. Ainsi l’on dit, c’est un grand avare, c’est un avaricieux mortel. L’avare se refuse toutes choses ; l’avaricieux ne se les donne qu’à demi.

Le terme d’avare paroît avoir plus de force & plus d’énergie pour exprimer la passion sordide & jalouse de posséder sans aucun dessin de faire usage. Celui d’avaricieux paroît avoir plus de rapport à l’aversion mal placée de la dépense lorsqu’il est nécessaire de s’en faire honneur. On n’emploie jamais qu’en mauvaise part, & dans le sens littéral le mot d’avaricieux ; mais on se sert quelquefois de celui d’avare en bonne part dans le sens figuré. Un habile général ne paye point ses espions en homme avaricieux, & conduit ses troupes comme un homme avare su sang du soldat qu’il craint de prodiguer. M. L’Abbé Girard. Syn. Ce mot se prend quelquefois comme substantif. C’est un avaricieux. C’est une avaricieuse. Il est familier. Ac. Fr.