Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AVEINDRE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 630).

AVEINDRE. v. a. J’aveins. J’ai aveint. J’aveignis. J’aviendrai. Que j’aveigne. Que j’aveignisse. Tirer quelque chose d’un lieu où on l’avoit serrée. Promere, depromere, proferre. Les Marchands n’aveignent jamais leurs plus belles étoffes d’abord, ils font plusieurs montres. Aveindre du linge d’un coffre.

Ce mot vient du latin aveo, parce qu’on ne songe à aveindre que les choses qu’on désire avoir. Quoique ce soit un assez mauvais mot, il y a encore des personnes qui s’en servent, dans le sens qu’on vient de donner. Mais il ne faut pas lui donner la signification d’atteindre, ou d’attraper. Cela est si haut, que je n’y saurois aveindre, est mal dit. Il falloit dire, atteindre. Ce mot devroit être relegué dans le peuple. Cail. Aveignez-moi mon ouvrage… Je vous dis d’aveindre mon ouvrage de cette armoire. Ce mot d’aveindre me paroît du dernier bourgeois… Il falloit dire : tirer mon ouvrage de cette armoire… Les mots par où Montagne, Liv. III, de ses Essais, commence le ch. 7, intitulé de l’Incommodité de la Grandeur, sont ceux-ci : puisque nous ne la pouvons aveindre, vengeons-nous à en médire. M. Ménage, dans ses Origines Françoises au mot aveindre, après avoir rapporté ce passage de Montagne, remarque qu’au lieu d’aveindre, il y a dans l’édition de Paris de Christophe Journel, atteindre ; ce qui, à mon sens, est une corruption, plutôt qu’une correction. De la Monnoye.

AVEINT, EINTE. part.