Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AVENTURIER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 632-633).

☞ AVENTURIER. s. m. Qui cherche les aventures, les occasions de la guerre, sans être attaché à aucun corps. On donnoit ce nom sous Louis XII & François I, à une sorte d’infanterie françoise fort mal habillée ; mais qui pour cela n’en étoit pas moins brave. elle fut soumise par François I, au Colonel général de l’infanterie. D’abord elle n’avoit point de solde, mais on lui fournissoit les étapes dans le royaume, & vivoit en pays ennemi du butin qu’elle y pouvoit faire. On la soumit enfin à la discipline militaire. On en voyoit encore sous Henri IV, mais il n’en a point paru depuis. Note sur Cl. Marot.

☞ Dans le discours familier, on le dit parmi nous d’un jeune homme qui cherche à plaire à toutes les femmes, sans s’attacher à aucune. C’est un jeune aventurier qui ne s’attache à rien, & qui se donne à tout. Vagus, circumforaneus amator.

Aventurier, signifie plus ordinairement parmi nous, un homme sans fortune, qui vit d’intrigues. C’est ce qu’on appelle autrement chevalier d’industrie. Alienâ vivere quadrâ peritus.

☞ Dans le commerce, ce terme désigne des gens sans qualité, qui s’intriguent dans les affaires. Défiez-vous de lui, c’est un aventurier. Se immiscere.

☞ On donne encore le nom d’aventurier à certains coureurs de mer, qui piratent sur les mers de l’Amérique, & qu’on appelle autrement, Flubustiers & Boucaniers. Voyez ces mots.

☞ En Angleterre on appelle aventuriers, les actionnaires des compagnies formées pour l’établissement des colonies.