Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AVOINE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 652).
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AVOINE, (quelques-uns disent AVEINE.) f. f. Avena. Plante fromentacée, dont les racines sont chevelues & ramassées à leur collet, d’où s’éleve un chalumeau noueux par intervalles, revêtu de feuilles longues, étroites, dont une partie forme une gaine, ou chalumeau, qui est terminé par une panicule ou amas de plusieurs brins opposés le plus souvent, & qui portent des paquets de balles longues, pointues, & pendantes par leur propre poids, lesquelles servent d’enveloppe aux étamines de la fleur, & à la semence. L’enveloppe propre de la semence d’avoine sauvage est terminée d’une arrête roulée en tirre-bourre, & coudée par le haut. C’est de cette arrête qu’on fait des hygromètres.

Ce mot avoine vient du latin avena, & l’on croit qu’avena vient du verbe latin aveo, je souhaite, je désire, à cause que les animaux appètent beaucoup cet aliment.

On distingue l’avoine par la couleur de ses semences. Celle qui les a blanches est la plus estimée ; & celle qui les a noires est la plus commune. On estime encore que la plus pesante est la meilleure. L’avoine est rafraîchissante. On ordonne la crème d’avoine aux malades sujets aux coliques néphrétiques, & même aux poitrines foibles. On fait de la bière avec l’avoine. On dit, Du gruau d’avoine, de la paille d’avoine, qui n’est composée que des balles de la panicule d’avoine. Dans la disette on fait du pain avec de l’avoine ; il y a même bien des pays où le paysan ne mange assez communément que du pain d’avoine.

L’Avoine, fait partie des petits blés qu’on appelle les Mars : elle sert à nourrir les chevaux. Un bon Cavalier doit voir manger l’avoine à son cheval. Les chevaux vont plus vite le soir, quand ils sentent l’avoine. On appelle les gros chevaux, des coffres à avoine. Par l’Ordonnance du mois d’Octobre 1669, il est ordonné que l’avoine sera à l’avenir distribuée dans les mesures à blés, dont le septier est réglé à vingt-quatre boisseaux, qui n’étoit ci-devant que de vingt-deux, quoiqu’on donnât sept minots à blé, dont le dernier étoit comble, pour faire le septier d’avoine ; car il faut le double de la mesure d’avoine pour faire le même poids de blé.

On appelle folle-avoine, celle qui est stérile. Il y a aussi une avoine sauvage, qui croit parmi les blés. Elle est semblable à la Coquiole & à l’autre avoine, excepté que ses grains sont plus grands & plus noirs.

Avoine, est aussi un grain qui croît dans une terre de l’Amérique septentrionale, vers le Canada, & dans les petites rivières, dont le fond est de vase, au bout de la tige, d’une herbe qui s’élève de deux pieds au-dessus de l’eau. Ce grain se recueille en Juin, & est gros comme le nôtre ; mais il est une fois plus long, & il rend plus de farine. Il est aussi bon que le ris.

On dit proverbialement & figurément d’un homme qu’on a bien fait travailler tout le jour, qu’il a bien gagné son avoine ; pour dire, qu’il a bien gagné son souper. D’un homme avare, qui ne fait point part aux autres de ce qu’il a, qu’il mange son avoine dans son sac.

AVOINES. Au pluriel, se dit des plantes de l’avoine, quand elles sont encore sur pied. Avena. Les avoines sont belles cette année. Acad. Fr. Jamais on ne vit tant d’avoines. Voit. Faucher les avoines.