Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AVORTON

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 654).

AVORTON. s. m. Qui est né avant le temps, ou qui ne peut acquérir la perfection ordinaire. Abortivus.

Toi qui meurs avant que de naître,
Assemblage confus de l’être & du néant :
Triste avorton, informe enfant,
Rebut du néant & de l’être. Hesnault.

☞ On le dit en général par extension de tout ce qui vient avant le temps légitime, celui de sa maturité, ou de sa perfection, & de sa grandeur naturelle ; arbres, fruits, plantes, animaux.

Il y a un traité du P. Jérôme Florentinus sur le baptême des Avortons. Le but de cet Auteur est de montrer qu’en quelque temps qu’un avorton vienne au monde, on peut le baptiser, parce que le temps auquel le fœtus commence d’être animé, est incertain. Il y a plusieurs choses singulières dans ce Traité, dont le titre est, Homo dubius, five de haptifmo ahortivorum. Lugd. 1674 in-4°.

Avorton, est aussi un terme injurieux, dont on ne se sert que dans le style simple & comique. Ainsi on dit qu’un petit homme, qu’un pygmée est un avorton de nature. Quel petit avorton est ce là ? Ils périssent comme des avortons de vanité. Gomb.

Scaliger a dit aussi que la langue françoise est un avorton de la langue latine.

On l’applique aussi aux productions d’esprit trop précipitées, & auxquelles on n’a pas donné assez de loin & assez de temps. C’est un ouvrage plein de défauts & fait à la hâte, ce n’est qu’un avorton.