Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BÂT

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 791).
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BÂT, en prononçant l’a long & ouvert, s. m. Selle grossière qu’on met sur le dos des bêtes de somme. Clitellæ. C’est une manière de harnois qui est composé d’un bois, qu’on appelle fût, d’un panneau & de deux crochets. Le bât d’un âne ; un cheval de bât. Jumentum clitellarium. ☞ Si vous voulez une définition recherchée, voici celle des Vocabulistes. Selle grossière qui sert aux ânes, aux mulets, & autres bêtes de somme.

Ce mot vient du latin bastum, signifiant la même chose, qui est dérivé du grec βάκτρον, signifiant un bâton avec lequel on porte des fardeaux. Mén. & Du Cange, que le Port-Royal a copié dans ses Racines grecques. Nicot le dérive du grec βασάζω, c’est-à-dire, bajulo, je porte. D’autres le dérivent par méathatèse de l’hébreu צב, qui signifie, tumidum, cameratum. Etienne Guichard du même mot hébreu צב, tsab, dans le sens de couverture d’un char, ou d’une litière, d’où il prétend que se fait bât, parce que c’est la couverture d’une bête de somme, stramentum, stratorium. Mais il y a plus d’apparence qu’il vient du vieux mot celtique bass, qu’on dit encore en basse-Bretagne dans la même signification. Dans les lois Palatines de Jacques I Roi de Majorque, au titre De faliis, on trouve le mot bât. Cum animalis sive de fellâ, sive de bast fuerit. Sur quoi le P. Papebrock, Acta SS. Jun. T. III, p. LXXXII, dit que ce mot bât, vient de l’Allemand bast, qui signifie une corde, parce que le bât s’attache avec des cordes, & non pas avec des courroies, comme la selle. Dans les Acta Sanct. Bened. sæc. III. P. I, p. 581, on trouve bastæ, qui se dit du harnois d’un âne, & que le P. Mabillon prend pour les paniers ou mannequins qui se mettent sur le bast, & qui s’appellent, dit-il, dans ce pays-là, c’est-à-dire, proche de Sarlat, bastes. On paroit en effet distinguer cela du bât ; car il y a Stravit Asinum, &, ut rusticè loquar, super imposuit bastas, in quarum una, &c. Ce nom vient de ce qu’ils s’attachoient au bât.

On dit proverbialement d’un homme qui est trop vêtu, qu’il est rembourré comme le bât d’un mulet. On dit de celui qui a quelque affaire domestique fâcheuse, & qu’il cache, qu’on ne sait pas où le bât le blesse. On dit aussi d’un homme fort stupide, que c’est un cheval de bât. On dit encore d’une chose qui peut servir à plusieurs usages & à plusieurs personnes, que c’est un bât à tous ânes. On dit qu’il n’importe de quoi le bât soit rembourré, pourvu qu’il ne blesse point la bête ; pour dire, qu’il n’importe ce que l’on mange, pourvu qu’on n’en soit point incommodé.